Mais que se passe-t-il à l'Etusa ? Vrai malaise ou s'agit-il de simples fauteurs de troubles qui sèment la zizanie au sein de l'Entreprise de transport urbain et suburbain d'Alger ? Une centaine de travailleurs surchauffés se sont rassemblés hier au siège de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta), pour revendiquer l'application de la convention collective et le départ du DG de l'Etusa et du SG du syndicat d'entreprise M. Boutebba. Au début, il était question d'un rassemblement de protestation des employés de la Setram (Société d'exploitation des tramways), entreprise regroupant Ratp DEV (France), Etusa et l'Entreprise du métro d'Alger (EMA) et qui assure l'exploitation du tramway d'Alger depuis le début de ce mois, après une période d'essai assurée par l'Etusa pendant une période de 18 mois. Plus tard, les employés de la Setram furent rejoints par d'autres travailleurs de l'Etusa (bus). Le ton est monté de plusieurs crans, au moment où l'un des délégués a invité les présents à observer, séance tenante, un arrêt de travail d'une durée indéterminée. Notons que les employés de la Setram réclament des clarifications à propos des clauses du protocole d'accord signé entre l'entreprise mère (Etusa) et le partenaire français, à la faveur duquel il a été décidé du transfert d'une partie du personnel de l'Etusa vers la Setram. Ils dénoncent en outre la fermeture des portes du dialogue par la direction de l'entreprise. De même qu'ils réclament plus de sécurité, notamment après l'agression, au début du mois, d'un conducteur de tram suite à laquelle un arrêt de travail d'une heure a été observé. Selon des travailleurs rencontrés sur les lieux, la direction française de la Setram aurait «renié» les clauses de l'accord dont ils affirment pourtant ignorer le contenu. Mieux, ils n'ont été destinataires d'aucune note officielle dans ce sens de la part de la direction de la Setram comme nous le confirmera plus tard l'assistant du DG de l'Etusa, M. Charef. Celui-ci nous a montré les deux copies émanant de l'entreprise dans lesquelles les employés sont priés de constituer leurs dossiers à l'effet de régulariser leur situation. Vraisemblablement induits en erreur, les employés certifient, entre autres, que l'administration de la Setram leur aurait exigé la carte bleue, délivrée par l'Anem (agence de l'emploi), en plus de les soumettre à une période d'essai de 3 mois avant leur confirmation. «Nous avons une expérience de 18 mois dans l'exploitation du tramway, comment peut-on décider de nous soumettre à un test de trois mois ?» s'écrie un protestataire. Un autre enchaîne : «J'ai 23 ans de service à l'Etusa, pourquoi devrais-je passer par une période d'essai», s'interroge t-il.
Aucune transgression du protocole d'accord De son côté, la direction de l'Etusa rassure que les dispositions dudit protocole d'accord n'ont fait l'objet d'aucune transgression de la part du partenaire français. «Autrement, nous ne nous serions pas laissés faire et aurions défendu les travailleurs qui furent d'abord les nôtres», proclame Mohand Saïd Charef, assistant du DG de l'Etusa. «Je confirme qu'il n'y a pas eu de trangression des clauses du protocole. La preuve, il a été fait obligation au partenaire français de maintenir les mêmes salaires que percevaient les employés du temps où ils exerçaient à l'Etusa. Aussi, le protocole prévoit de prolonger les détenteurs de CDD (contrat à durée déterminée) d'une année et de maintenir les titulaires des CDI (Contrat à durée indéterminée). Ce que notre partenaire a respecté à la lettre.» Interrogé sur les motifs de la colère des travailleurs qui a dégénéré il y a quelques jours après qu'un groupe d'employés eu occupé l'enceinte de la direction à Belouizdad, l'assistant du DG soutient que c'est le fait d'anciens syndicalistes et des retraités de l'entreprise qui se seraient autoproclamés représentants des travailleurs «qui ne font que promettre des mirages alors qu'ils ne courent que derrière leurs intérêts», certifie-t-on. Le SG du syndicat d'entreprise accuse ces meneurs «autoproclamés» d'agir à l'encontre des intérêts des travailleurs. «Le mois passé, notre syndicat, après avoir reçu le OK du ministre des Transports, a engagé des pourparlers avec la DG en vue de négocier une augmentation des salaires. Mais voilà que ces groupuscules viennent retarder les pourparlers au risque de les compromettre. Ce n'est pas la seule fois qu'on nous fourre ce genre de coups», assène Boutebba. Quant à la revendication relative à l'application de la convention collective de 1997, la direction de l'Etusa assure que l'examen de cette question «est en cours», avertissant toutefois que ces mouvements répétitifs ne vont pas faciliter leur mission, sinon la compromettre.