Les contestataires menacent de prolonger leur mouvement de protestation jusqu'à ce que la tutelle ouvre des négociations. L'appel lancé aux travailleurs de l'Etablissement de transport urbain et suburbain d'Alger (Etusa), pour un rassemblement au siège de la Centrale syndicale a drainé foule. Plus de 600 travailleurs ont abandonné leur poste de travail pour une journée de protestation à la Maison du peuple. Le siège de l'UGTA a été pris d'assaut dès les premières heures de la matinée par des conducteurs de tramway, chauffeurs de bus, des agents de la maintenance... Des groupes de travailleurs, y compris des retraités et des licenciés, arrivaient au fil des heures. Il faut dire que les initiateurs du mouvement, à leur tête, des syndicalistes licenciés, ont tout fait pour convaincre les plus récalcitrants de la nécessité de se joindre à la protestation. “Y en a marre de la hogra, nous voulons voir Sidi-Saïd", scandaient les protestataires sans que leur appel parvienne au SG de l'UGTA. Selon Aït Mejane, “les manifestants, qui ne peuvent plus faire face au climat de terreur qui règne au sein de l'entreprise, sont venus interpeller le SG de l'UGTA pour qu'il intervienne auprès du ministère de tutelle". Il relèvera que les engagements tenus par des représentants du ministère des Transports, il y a quelques jours après “notre incursion à la DG, n'ont pas été respectés. Les représentants nous ont demandé un délai de deux jours, mais rien n'a été fait à ce jour et c'est pour cette raison que nous avons décidé de venir à la Centrale syndicale". Aït Mejane expliquera que la principale revendication des protestatairesest “l'application de la convention collective dans son intégralité car de nombreux articles de celles-ci ne le sont pas et c'est ce qui pénalise les travailleurs". Il citera pas moins de neuf dispositions dont celles relatives au salaire de base (art 101), au contrat de travail à durée déterminée (art 11), à la prime de panier (art 122), au congé supplémentaire rémunéré (art 87)... De nombreux autres griefs sont retenus contre les responsables de l'Etusa par les manifestants. Ces derniers accusent la DG de recourir “au licenciement abusif de tous ceux qui osent faire une revendication sociale". Ils exigent, par conséquent, “la réintégration de tous les travailleurs qui ont été licenciés abusivement". Le syndicat de l'entreprise est lui aussi accusé d'être à la solde de la DG et de casser les mouvements de protestation de la base. Exhibant leur fiche de paie, nombreux sont ceux qui affirment avoir découvert qu'ils ont été recrutés sans qu'ils ne soient déclarés à la Sécurité sociale. Des conducteurs de tramway ont reproché à leur responsable de les avoir “transférés à la nouvelle société chargée de la gestion du tramway Estram sans notre consentement, voire sans que nous soyons informés". Les nerfs à fleur de peau, les manifestants menacent de camper au siège de la Centrale syndicale jusqu'à ce que la tutelle ouvre des négociations. Certains exigent même une commission d'enquête sur la gestion de l'Etusa. M B