Conflit - Plus d'une centaine de travailleurs et retraités de l'Etablissement de transport urbain et suburbain d'Alger (Etusa) ont assiégé hier la direction de l'ex-RSTA. Il y avait aussi des travailleurs assurant le transport des étudiants et ceux du tramway qui se sont rassemblés, dans la matinée sur l'esplanade du siège de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) pour réclamer le départ du directeur général de leur entreprise. En colère contre les responsables de l'entreprise qui, selon eux, ont fermé toutes les portes du dialogue, ces travailleurs protestataires se sont rendus dans l'après midi au siège de la direction générale. Après avoir forcé l'accès principal et escaladé le portail de l'établissement, ils sont entrés à l'intérieur du siège de l'entreprise, en scandant des mots d'ordre hostiles aux gestionnaires du transporteur historique de la capitale, tout en faisant les éloges du secrétaire général de l'UGTA qui aurait, selon Mohamed Kherroubi, porte-parole des syndicalistes, cautionné leur démarche de protestation. «Le DG de l'Etusa a bafoué les droits des travailleurs et a instauré un climat de terreur au sein de l'entreprise», a indiqué M. Kherroubi. «Les travailleurs de l'Etusa touchent actuellement un salaire de base de 13 000 dinars, alors que l'article 101 de la convention collective de l'Etusa, promulgué en juin 1997, stipule que le salaire de base ne doit pas être inférieur au SNMG, fixé depuis l'année dernière à 18 000 dinars», ajoute-t-il. La section syndicale de l'unité Ghermoul, affiliée à l'UGTA, a adressé en avril dernier, deux correspondances à l'Inspection du travail pour réclamer l'application de la convention collective, «mais à ce jour, aucune suite n'a été donnée à notre démarche», déplore le chef de file des contestataires, qui n'a pas hésité à qualifier les membres du syndicat d'entreprise de «corrompus» à la solde d'une administration composée de «despotes». Selon les protestataires, le directeur général serait coupable d'«abus de pouvoir, de favoritisme et de népotisme», affirme Mohamed Kherroubi. En signe de protestation, les travailleurs projetaient de procéder, dans l'après-midi, à la fermeture de la direction générale. Des travailleurs relevant de la Setram dont la plupart sont recrutés depuis 3 à 4 mois, rencontrés sur les lieux du sit-in, accusent le DG de l'Etusa d'avoir «installé un climat de terreur» au sein de l'entreprise. «On risque le licenciement à la moindre réclamation, et les menaces sont devenues un moyen de pression sur les travailleurs», affirme l'un d'eux. Ahmed Bourraï, dit avoir été victime de ce comportement en 2010, et indique aussi que «le DG a recruté des cadres poursuivis en justice dans des affaires de corruption». Il a cité notamment le cas de retraités d'Air Algérie qui occupent actuellement des postes de responsabilité au sein de l'Etusa. Des accrochages physiques et verbaux se sont produits, hier, entre les deux «camps». Il a fallu recourir à l'intervention des brigades d'intervention pour ramener l'ordre. Mohamed-Saïd Charef (DG adjoint) «Les meneurs sont des irresponsables» Le directeur général adjoint de l'Etusa qui nous a reçus, n'y va pas avec le dos de la cuillère pour fustiger les meneurs de ce mouvement de protestation. «Les meneurs sont des irresponsables. Ils viennent de commettre l'irréparable en escaladant le portail de l'établissement», nous dit-il. Il ajoute que deux syndicalistes sont suspendus de toutes activités syndicales par l'UGTA et «l'un d'eux, est un malade suivi en psychiatrie», tout en nous remettant des documents prouvant ses dires. Au sujet de la mise en place de la commission d'enquête, le directeur général adjoint s'en réjouit. «Nous sommes disponibles pour aider toute commission d'enquête qui tablerait sur toute notre carrière professionnelle et en particulier notre passage à l'Etusa. Mais à l'issue des conclusions, nous mettons en garde nos accusateurs, parce que nous n'allons pas nous laisser faire à l'avenir», prévient le DGA. Pour ce qui est des revendications au sujet du SNMG, le responsable de l'Etusa déclare que son administration, «n'a pas attendu qu'un groupuscule connu pour ses manœuvres déstabilisatrices, pour plancher sur ce dossier. Nous avons déjà commencé le travail avec le partenaire social, qui est le syndicat d'entreprise». Une information que nous avons confirmée auprès du secrétaire général du syndicat d'entreprise, Abid Bouteba. - En fin d'après-midi, un conclave ayant réuni une délégation des protestataires, le président du conseil d'administration (PCA) et le directeur des transports de la wilaya d'Alger (DTW), M. Ouzane, a permis de dénouer une partie du conflit. Une décision de mettre en place une commission d'enquête a été prise selon le porte-parole des protestataires et une reprise immédiate du travail. A l'issue de cette rencontre, une «tripartite», composée du directeur général de l'Etusa, du PCA et du DTW, s'est tenue, mais rien a filtré de ce conclave qui a pris fin à 19 heures. Dernière minute Démission collective Nous apprenons ce matin, que l'ensemble des cadres gestionnaires de l'Etusa ont déposé leur démission et certains autres ont fait valoir leur droit à la retraite. C'est du moins l'information qui nous a été communiquée par le directeur général adjoint du transporteur historique de la capitale. Une autre information, celle-ci émane du syndicat d'entreprise. «Les travailleurs et cadres observent depuis ce matin un rassemblement dans l'enceinte de la direction générale pour protester contre les frondeurs qui ont assiégé hier le siège de la direction générale».