L'Aïd el Adha arrive à grands pas. Au fur et à mesure que s'approche la fête religieuse, la détresse des chefs de famille, qui n'ont toujours pas acquis le mouton du sacrifice, s'amplifie face aux prix insoutenables imposés par les maquignons. La courbe des prix ne fléchit point, ce qui n'arrange guère la plus grande partie des ménages dotés de bourses moyennes. En effet, le commerce des moutons à la veille de l'Aïd n'est pas seulement l'apanage des éleveurs. Beaucoup sont tentés par le gain facile et qui s'improvisent vendeurs de moutons. Ce qui ajoute à la complexité de cette activité conjoncturelle qui «échappe à tout contrôle», pour paraphraser les propos d'un officier supérieur du commandement de la Gendarmerie nationale. «Certains font même de la vente de moutons dans leurs domiciles situés en zones urbaines. Ils n'ont jamais été éleveurs de leur vie, mais à chaque approche de l'Aïd, ils finissent toujours par se débrouiller des dizaines de têtes de mouton pour les revendre aux plus offrants. Et de renchérir, «bien des doutes planent sur l'origine de cette marchandise», en mettant l'accent sur l'ampleur du fléau du vol de cheptel qui n'épargne aucune région du pays. A chaque approche de l'Aïd, le phénomène assène un coup dur aux éleveurs comme le démontre à juste titre un rapport rendu public hier par le Commandement de la Gendarmerie. Il y est en effet indiqué que pour ce mois d'octobre, «l'intervention des services de la gendarmerie suite à des plaintes de vols de cheptels, dans les wilayas des Hauts-Plateaux, du Centre et de l'Est, a permis la récupération de quelque 263 têtes subtilisées à leurs propriétaires et l'arrestation de 111 individus». Ce qui équivaut à une moyenne de cinq interpellations par jour. «Le même rapport de la gendarmerie, souligne en outre ce corps de sécurité, a eu à traiter quelque 1483 affaires liées au vol de cheptel signalées à travers le territoire national durant les neuf premiers mois de l'année. Ces affaires totalisent 22 274 têtes subtilisées aux éleveurs –19 894 ovins, 1196 bovins, 1162 caprins, 16 chevaux et 6 dromadaires. Les enquêtes diligentées par les gendarmes ont abouti à la récupération de 2030 têtes et l'arrestation de 805 personnes, dont 324 ont été écrouées. L'on retient que moins de 10% des têtes volées de janvier à septembre 2012 ont pu être récupérées. Ce qui dénote à juste titre la complexité du traitement de ce genre d'affaires par les services de sécurité et qui rend aussi plus difficile la possibilité de mieux juguler ce phénomène. Ce dernier est surtout connu pour les ravages qu'il provoque dans l'Est, en particulier dans la wilaya frontalière de Tébessa. Le rapport de la Gendarmerie approuve d'ailleurs ce constat en soulignant que près de 38% des affaires enregistrées concernent le vol de plus de 7500 têtes dans la région. En ce sens, Tébessa est en tête de liste avec 84 affaires, talonnée par El Tarf (71) puis Batna (65), Oum El Bouaghi (54) et Sétif (52). Pour ce faire et, à l'approche de l'Aïd el Adha, le commandement de la Gendarmerie nationale a mis en place une batterie de mesures visant à parer aux tentatives de vol de cheptel. Dans ce cadre, le lieutenant-colonel Kerroud, chargé de la communication, précise que «non seulement les différents lieux de vente de moutons sont soumis à un contrôle rigoureux, mais aussi les bouchers et les abattoirs sont également placés sous haute surveillance».