Qu'on l'appelle «laâdjouza», la vieille, ou encore Ras El Aam, le début de l'année, Yennayer n'est fêté que par certaines familles d'origine kabyle ou chaouie à Annaba. Pour les Aït Chaâlal, cette célébration garde le charme des retrouvailles familiales et d'un repas du soir où tous les membres d'une même famille se réunissent. L'évènement est particulièrement attendu dans certaines régions de l'Algérie profonde chez ce sympathique commerçant qui dit n'avoir jamais complètement rompu avec sa ville natale Azzazga et sa région.A'mi L'houcine a bien voulu nous dire comment sa famille et lui marquent cette journée en nous expliquant que la célébration concerne en fait toute la semaine qui suit le 12e jour du mois de janvier. «La veille au soir du 11 janvier, faute de ne pouvoir sacrifier un mouton, on égorge de préférence un coq de couleur rouge et élevé dans le poulailler familial pour le préparer avec le couscous», confie A'mi L'houcine. «Dans ma région natale, sept légumes secs sont privilégiés pour la préparation de la sauce : les pois chiches, les haricots blancs ou noirs, les fèves ou févettes, les lentilles, les pois cassés. Ces féculents se veulent des signes d'opulence dans les foyers et notamment quand ils sont présents au cœur de l'hiver.» Toujours selon lui, le repas de Yennayer n'est pas forcement composé que du couscous traditionnel. «Dans d'autres familles que je connais à Annaba, un autre mets est prisé. Il s'agit de ce que nous désignons par ‘timegzart'', un plat à base de pâte feuilletée et arrosée d'une sauce au poulet, ça n'est pas moins bon, mais ça change du berkoukess ou couscous à gros grain.» A'mi L'houcine indique que dans sa commune d'origine, où la tradition est encore ancrée, on prépare également à l'occasion de Yennayer des crêpes et beaucoup de gâteaux qui sont servis pour le petit-déjeuner. Ce qui ne se fait pas ici à Annaba, regrettera-t-il. «Tous les ustensiles de la maisonnée devaient être pleins de victuailles et de nourriture en présage d'abondance pour les occupants. De plus, on met un couvert pour chaque membre de la famille absent. La générosité et la solidarité sont de mise puisque avant le souper, le repas était mis à la disposition des pauvres et un plat garni était offert à l'assemblée. Les filles mariées ne sont pas en reste et on met toujours de côté la part de viande, de gâteaux et de friandises qui leur revient. Tout le monde doit manger à sa faim, même les étrangers de passage que l'on traite toujours avec beaucoup de respect traditionnellement chez nous, avec encore plus d'égard ce jour-là», conclura A'mi L'Houcine en n'omettant pas de nous inviter à partager son propre dîner, ce dimanche.