Les auteurs présumés de l'enlèvement et de l'assassinat de l'entrepreneur des travaux publics, Hend Slimana, en novembre 2010 à Aghribs, s'est ouvert hier matin au tribunal criminel de la ville de Tizi Ouzou. 12 accusés vont défiler devant le juge pour avoir participé à plusieurs enlèvements vols à main armée, faux barrages, association de malfaiteurs, assassinat volontaire avec préméditation, kidnapping pour réclamer des rançons, vente et détention d'armes à feu et de munitions, blanchiment d'argent et apologie du terrorisme, dont l'affaire du kidnapping de Slimana, habitant de la commune de Fréha et père de 5 enfants, âgé de 48 ans. Une affaire qui avait ébranlé la Kabylie et fait couler beaucoup d'encre. Deux accusés sont toujours en cavale. Le procès, pour rappel, a été reporté le mois de mai dernier suite au désistement de l'un des avocats des principaux accusés, à savoir I. Sofiane, âgé de 22 ans, à qui on reproche d'avoir tiré sur la victime avec son arme. C'était le 14 novembre 2010. L'entrepreneur Hend Slimana, accompagné de son cousin Omar Slimana, sont tombés dans un faux barrage à Aghribs, 55 km au nord-est de Tizi Ouzou. En tentant de s'enfuir, Hend a été atteint par deux balles tirées par I. Sofiane. Il rendra l'âme cinq jours plus tard à l'hôpital de Tizi Ouzou. Son cousin Omar sera par la suite libéré par ses ravisseurs, après 15 jours de séquestration. Ces derniers ont renoncé à la demande de rançon. La genèse du démantèlement de ce vaste réseau, qui s'étend à plusieurs wilayas du pays, remonte au mois de janvier 2011, lorsque deux frères membres de ce réseau ont eu un accident de la circulation dans la région d'Ath Jennad, localité limitrophe d'Agribs. L'abandon du véhicule par ses propriétaires a soulevé des soupçons des services de sécurité, surtout que des témoins ont remarqué que les deux personnes à bord ont pris avec eux deux sacs contenant des armes à feu. De fil en aiguille, la gendarmerie démantèle ce réseau qui semait la terreur dans une bonne partie de la Kabylie, trois ans durant. Il s'est avéré que ses membres sont les auteurs de l'enlèvement de trois personnes, Slimana Hend, Ibourar Lounès et Mahdi Madani. D'autres vols à main armée ont été également commis par ce gang à travers plusieurs localités de la Kabylie. L'accusé Tchatchi Yuva, 27 ans, du village Adrar dans la commune d'Azeffoun, était le premier à se présenter à la barre. Il est accusé d'avoir acheté une kalachnikov et un PA à Tamanrasset chez un certain Moussa qui a purgé une longue peine de prison avec son frère Tachatchi Boussad, âgé de 34 ans. Ce dernier dirigeait l'affaire de l'enlèvement de l'entrepreneur Slimana, alors qu'il était derrière les barreaux à Blida, où il purgeait une peine de 8 ans de prison ferme. Il avait envoyé son frère Yuva à Tamanrasset pour l'achat des armes. «Je me suis déplacé à Tamanrasset juste pour apporter de huile d'olive et du miel pour l'ami de mon frère Moussa, et non pas pour acheter des armes», tentera de justifier l'accusé à propos de son déplacement à trois reprises à l'extrême sud du pays. Quant à la cache d'armes qu'il avait montrée aux gendarmes de Fréha qui ont mené l'enquête, Yuva dira qu'elles appartiennent à un groupe de terroristes avec qui il activait par contrainte. Il ne donnera aucune explication non plus sur l'étude balistique qui montre que c'est avec ces armes que l'entrepreneur Slimana a été tué. Il niera en bloc avoir acheté des armes à feu à Tamanrasset et encore moins avoir une quelconque relation avec l'affaire Slimana, pourtant il a avoué aux enquêteurs et au juge d'instruction le contraire. L'accusé n'a donné aucune explication aussi au sujet de ses appels téléphoniques avec les autres membres de ce réseau. Son frère, le cerveau du réseau qui dirigeait les enlèvements à partir de la prison, a refusé de parler au juge. Il restera muet comme une carpe. Il se comportera comme un malade mental sans répondre aux questions du juge. Le juge a montré un rapport médical qui atteste que l'accusé jouit de toutes ses facultés mentales. L'autre accusé, Hlifi Sadek, âgé de 23 ans, licencié en droit, nie avoir un quelconque lien dans cette affaire. Pourtant, d'après l'arrêt de renvoi, c'est dans son agence immobilière, sise à la ville d'Azazga, que le membre de ce réseau se réunissait et complotait leurs enlèvements. C'est lui aussi qui avait loué un appartement dans la région de Mekla où l'otage Omar Slimana avait été séquestré. Pour ses déplacements vers la prison de Blida où le cerveau du réseau, Tachatchi Boussad, était incarcéré, il tentera de les justifier par leur amitié d'enfance. Au moment où nous mettons sous presse, le procès se poursuit au tribunal criminel de la ville de Tizi Ouzou, en présence de nombreux témoins et des parents des victimes. Le déroulement du procès prendra au moins 4 jours.