La mort d'une jeune femme de la localité d'Iflissen Agouni, Taraz Malha, âgée de 29 ans, et de son nouveau-né, le 17 octobre à la polyclinique de Tigzirt, à 38 km au nord de Tizi Ouzou, a provoqué la colère et l'indignation des habitants de la région. La victime a rendu l'âme au cours de son transfert vers le chu de Tizi Ouzou suite à une hémorragie interne juste après l'accouchement, au niveau du village Ath Saïd, de la commune voisine de Mizrana. La raison de sa mort serait due, selon une source hospitalière, à un arrêt cardiaque. Une marche silencieuse a été organisée hier par les 38 comités de village de la commune d'Iflissen, daïra de Tigzirt, pour réclamer la vérité sur «les causes exactes de la mort des deux victimes». L'autre objectif recherché par les initiateurs de cette action de protestation pacifique est d'exiger «des responsables concernés de se pencher sérieusement sur la situation dramatique des structures sanitaires de la région qui souffrent du manque flagrant de moyens matériels et humains les plus élémentaires depuis plusieurs années», selon un habitant d'Ighil Bousseouel. Environ 1500 personnes ont en effet marché hier matin à Tigzirt. Des adultes, des jeunes et même des personnes souffrant de maladies chroniques ont participé à la manifestation. Les manifestants, venus d'Iflissen Mizrana, Makouda et Tigzirt, ont pris le point de départ à la pompe à essence (sortie est de Tigzirt). Ils ont traversé l'artère principale de la ville côtière de Tigzirt, avant d'observer un rassemblement devant le siège de la daïra, sis à la sortie ouest de la ville. Plusieurs banderoles ont été brandies par les marcheurs. On pouvait lire sur quelques- unes : «Halte aux négligences», «Oui pour des soins de qualité», «SOS santé», «Pour une direction de l'ESPS à Tigzirt», etc. La marche s'est déroulée dans le calme et aucun incident n'a été signalé. Le maire de la commune d'Iflissen et celui de Tigzirt ont pris part à cette marche, en signe de solidarité avec les proches des victimes et pour dénoncer la situation qui prévaut au sein des structures sanitaires de la région. Une délégation de 7 personnes a été reçue par le chef de daïra de Tigzirt, en présence du directeur de la santé et de la population de la wilaya de Tizi Ouzou. Une lettre lui a été remise et d'autres ont été adressées au wali de Tizi Ouzou et au ministre de la Santé et de la Population. «Le chef de daïra de Tigzirt nous a promis de prendre en charge dans les plus brefs délais les problèmes de manque de moyens au niveau des structures sanitaires de la circonscription de Tigzirt. Concernant la mort de la jeune femme et de son bébé, il nous a promis que toute la lumière sera faite, que l'enquête se poursuit et que les responsabilités seront situées», nous a déclaré un membre du comité de village d'Ighil Boussouel qui a pris part à la rencontre d'hier avec le chef de daïra de Tigzirt. Notons que les familles des deux victimes ont déposé une plainte contre les responsables de la polyclinique de Tigzirt. «Ma sœur a été abandonnée. Je me demande pourquoi ils ne l'ont pas évacuée plus tôt puisque son cas s'avérait délicat», accuse le frère de la victime. L'enquête se poursuit toujours. Les services de sécurité chargés de l'enquête ont convoqué et auditionné le personnel médical qui était de service le 17 octobre dernier, jour de la mort de la jeune maman, qui n'en était, faut-il le signaler, pas à son premier accouchement. Cette affaire, selon les habitants de la région, n'est que la goutte de trop qui a fait déborder le vase. De son côté, le personnel de la polyclinique de Tigzirt se défend. «La patiente a été prise en charge convenablement par au moins 10 personnes. En vain. Nous n'avons pas de bloc opératoire à Tigzirt, et la victime a succombé au cours de son évacuation», nous précise une source de la polyclinique de la ville de Tigzirt.