«Notre mouvement est connu depuis longtemps et nous avons toujours été en faveur des négociations», nous a déclaré hier cheikh Awisa, cadre du mouvement islamiste Ançar Eddine. «Il y a, actuellement, deux parties, l'une en faveur de l'intervention militaire étrangère au nord du Mali et l'autre contre toute intervention de ce type. Nous faisons partie de ceux qui sont contre cette intervention», a-t-il ajouté. «Une délégation d'Ançar Eddine est arrivée aujourd'hui (hier NDLR) en Algérie, tandis qu'une autre est allée au Burkina Faso. Le but est de dire au monde entier que nous sommes pour les négociations et le dialogue, contrairement à l'image que les partisans de l'intervention militaire veulent donner de nous», a lancé le cadre d'Ançar Eddine. «Ce n'est pas la première fois qu'une délégation d'Ançar Eddine arrive en Algérie. Chaque jour une délégation de notre mouvement arrive en Algérie», nous dira cheikh Awisa. «C'est l'Algérie que nous avons trouvée quand les différents problèmes ont surgi dans notre région. L'Algérie nous connaît très bien et sait pertinemment que nous ne sommes pas un groupe terroriste comme certaines parties veulent le faire croire», selon Cheikh Awisa. L'Algérie subit-elle, selon ce cadre d'Ançar Eddine, des pressions pour se rallier aux partisans d'une intervention militaire étrangère au nord du Mali ? A cette question, Cheikh Awisa est catégorique en répondant que «l'Algérie, qui est contre toute intervention au nord du Mali, préférant une solution passant par les négociations et le dialogue, subit des pressions énormes pour changer sa position». Il ajoute que «l'Algérie n'est pas la seule à subir de telles pressions puisque nous également subissons des pressions tout aussi énormes pour accepter cette intervention militaire étrangère». «Mais nous rejetons l'intervention militaire étrangère dans la région quel que soit le prix que nous devons payer», lance le cadre d'Ançar Eddine. On dit qu'Ançar Eddine doit se démarquer du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) et d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), faute de quoi il serait ciblé par une éventuelle intervention militaire étrangère. A cette question, Cheikh Awisa répond : «Nous n'avons aucune relation avec le Mujao, ni avec Aqmi. Chaque mouvement a son appellation. Nous n'interférons pas dans leurs affaires et ils ne doivent pas s'ingérer dans nos affaires.» «Notre mouvement est connu depuis longtemps, ses dirigeants, dont Iyad Ag Ghaly également, sont connus. Le mouvement existe depuis longtemps.» Autrement dit, le mouvement Ançar Eddine et ses revendications ne datent pas de l'arrivée du Mujao et d'Aqmi au nord du Mali. «L'Algérie connaît notre histoire qui n'a rien à voir avec le terrorisme», ajoute-t-il. L'information parue dans la presse selon laquelle le numéro un d'Ançar Eddine, Iyad Ag Ghaly, ferait prochainement une déclaration pour annoncer, publiquement, sa démarcation du Mujao et d'Aqmi est-elle authentique ? A cette question, Cheikh Awisa répond que «c'est une information donnée par la presse et qui ne reflète pas la vérité. Je n'ai aucunement entendu dire au sein de notre mouvement qu'Iyad Ag Ghaly allait faire cette déclaration qui n'a pas lieu d'être puisque nous ne cessons de dire que nous n'avons aucune relation avec le Mujao et Aqmi. Se démarquer de ces deux mouvements signifierait que nous sommes liés à eux alors que c'est totalement faux», selon Cheikh Awisa, qui précise : «Nous avons de très bonnes relations avec le MNLA.» Des affrontements armés ont, rappelle-t-on, encore opposé, il y a quelques mois, le MNLA au Mujao. Les éléments du Mujao avaient, pour rappel, chassé le MNLA, au terme de ces accrochages. Le mouvement Ançar Eddine est-il présent à Kidal et Tombouctou ? «Notre mouvement est présent dans toute la région du nord du Mali», selon cheikh Awisa.