L'expert Abdelmalek Seraï a dressé hier un bilan catastrophique de la gestion des communes en Algérie. Invité au forum du quotidien d'El Moudjahid, l'économiste est revenu sur l'état des finances des communes en précisant que le nombre de communes déficitaires est estimé à 1249 en 2012. Ce chiffre représente, selon lui, un taux de 74% des communes du pays souffrant de difficultés financières, ajoutant que «l'Etat continue à octroyer des aides à ces communes». Cette situation «effroyable», comme la qualifie l'intervenant, risque de perdurer «si les candidats aux élections ne sont pas qualifiés et expérimentés dans la gestion». A ce titre, il recommande aux prochains élus une connaissance de la gestion communale, à l'instar des expériences adoptées dans les pays développés. «C'est ainsi qu'ils peuvent apporter les meilleures conditions de vie pour les citoyens», a-t-il fait savoir. Critiquant toujours la gestion «chaotique» des communes durant les années précédentes, M. Seraï a rappelé qu'une enveloppe financière conséquente avait été octroyée aux communes. «En 2006, au moins 30 wilayas du pays ont bénéficié du soutien financier de l'Etat», a-t-il souligné. «En cette même année, les communes déficitaires étaient au nombre de 1138 sur un total de 2541 APC au niveau national. En 2009, le nombre de communes en difficulté était de 417. En 2010, leur nombre a chuté pour atteindre 14 seulement», a affirmé le conférencier. Il notera que pendant les années 2011 et 2012, le nombre de communes déficitaires a augmenté de façon inquiétante en raison de «l'incompétence des élus locaux». «Un grand nombre d'élus ne dispose pas des qualifications nécessaires pour remplir leurs fonctions», a-t-il dit, ajoutant que «50% des élus n'ont pas le niveau universitaire» et que «1650 maires ont été poursuivis en justice entre les années 2007 et 2012 pour mauvaise gestion». Il fera remarquer, en outre, que «20 P/APC à Alger ont été poursuivis en justice durant la seule année 2012». Selon lui, pour avoir une bonne équipe à la tête de chaque commune, «il faut qu'il y ait des personnes compétentes, spécialisées dans plusieurs domaines, notamment dans la solidarité nationale pour qu'il y ait une justice sociale et économique». Il a, par ailleurs, signalé que le nombre de communes pauvres est actuellement de 444 dont la majorité se trouve dans les régions rurales. L'intervenant considère qu'«il est temps d'équilibrer financièrement toutes nos communes. Chacune d'entre elles doit être prise en charge selon ses besoins spécifiques, a-t-il plaidé. «48% des capacités industrielles de ces communes ne sont pas utilisées. Il faut exploiter les richesses locales», conclut l'invité du forum.