Quatre leaders syndicaux des travailleurs de l'Etusa, auditionnés hier par le tribunal Abane Ramdane d'Alger, suite à la plainte déposée par la direction générale contre 11 d'entre eux, se sont vus débouter et dans l'obligation de reprendre le travail. Les grévistes paralysent le parc de l'entreprise depuis quatre jours et occasionnent des pertes énormes à la société. L'un des quatre meneurs, Rachid Acef, nous a indiqué que leur ligne de défense consistait à expliquer à la cour que le mouvement ne s'apparente pas à une grève mais à une protestation. Dans ce cas, il explique que «le préavis de grève n'est pas obligatoire». «Je n'ai rien fait de mal. J'ai été licencié arbitrairement et contrairement à ce que vous a indiqué le directeur adjoint, je n'ai pas fait l'objet d'une commission de recours ni déposé de dossier de recours puisque j'estime avoir été licencié arbitrairement pour avoir demandé la création d'une section syndicale dans l'unité du Cous. Une demande refusée par le responsable de l'unité et le DG qui s'est empressé de me licencier», nous a-t-il dit, ajoutant que malgré la décision de justice qui ordonne aux travailleurs de reprendre le travail, ces derniers obéiront après l'application de la convention collective et du protocole d'accord du 16 octobre dernier. Il a fait savoir qu'ils vont faire appel de la décision de justice. Certains parmi eux nous ont affirmé que la direction avait hier tenté de négocier avec les quatre accusés après l'audience, en leur promettant de retirer la plainte qui les concernent, en échange de la reprise du travail. Ces travailleurs auraient refusé ce deal estimant que ce mouvement est une protestation et non une grève. Hier, la participation à la grève était d'environ 90%. Les rares bus de l'Etusa en circulation sont, selon les travailleurs, ceux du service minimum mis en place par la direction. «Ils ont appelé les nouvelles recrues qui n'ont pas encore signé de contrat pour les faire travailler. Le DG s'est déplacé au secteur n°1 à 4 heures pour mettre en place ce service minimum et gêner ainsi notre mouvement, sans succès puisque certains travailleurs qui étaient à leur poste sont venus rejoindre la contestation. La direction tente par de multiples stratagèmes de briser notre mouvement», a déclaré un chauffeur du Cous. Concernant la dissolution du bureau du syndicat, M. Kharroubi, l'un des leaders de la contestation, nous a indiqué ne pas comprendre le silence de la centrale syndicale. «Nous n'avons toujours pas pu entrer en contact avec le secrétaire général de l'UGTA qui est absent. Mais je suis sûr que dès son retour, il procédera au remaniement de notre section syndicale, d'autant que l'on a créé un bureau provisoire. Il ne manque que son accord», a-t-il dit. Aussi, tous s'accordent à déplorer l'absence de considération de la part du ministre des Transport. «Nous ne sommes pas des voyous, nous aimons notre pays et notre entreprise. Ce n'est pas nous qui avons procédé à des abus au sein de l'entreprise ni contribué à la mauvaise gestion de cette dernière. Au contraire, nous avons des dossiers compromettants sur la mauvaise gestion et la corruption en son sein et nous les divulguerons en temps voulu à la presse. Le ministre doit nous prendre en considération. Nous sommes déterminés à obtenir nos droits. En attendant, le mouvement se poursuivra», ont tenu à affirmer les travailleurs. Hier, nos multiples tentatives pour joindre la direction pour avoir sa version des faits se sont avérées vaines.