Troisième jour de protestation. Les travailleurs de l'Entreprise de transport urbain et suburbain d'Alger (Etusa) sont décidés à aller jusqu'au bout. Hier encore, plusieurs centaines de protestataires se sont rassemblés devant le siège de la centrale syndicale à Alger. «Jusqu'à l'heure actuelle (mardi après-midi) aucuns pourparlers ne sont engagés ni avec la tutelle, ni la direction de l'Etusa, ni le ministère des Transports…», affirme un porte-parole des travailleurs contestataires qui a requis l'anonymat. «Je fais partie des 36 travailleurs licenciés abusivement suite à notre dernière grève», explique-t-il. Malgré les assurances de la direction de l'Etusa que l'application de la convention collective de 1997 est en cours et qu'une commission de recours pour réintégrer les travailleurs licenciés sera mise en place, les protestataires ne lâchent pas la pression. «Nous ne partirons pas d'ici tant qu'un nouveau syndicat choisit par les travailleurs ne soit mis en place ici», poursuit notre interlocuteur qui indique que ceci est le point gordien du problème. «D'ailleurs, on est en mode révolte travailliste et non en grève. On a entendu à la télévision le DG de l'entreprise, mais où est le syndicat qui est sensé nous représenter», lâche-t-il, en insistant encore que le mouvement ne tarira pas, tant que le SG du syndicat ne soit évincé. «Pour le départ du DG de l'entreprise, il fait surtout suite à la colère des travailleurs. Il est bien le premier responsable de l'Etusa, il est donc une cible de cette ire», explique le porte-parole. S'agissant de l'application du protocole de 1997, les contestataires qui disent ne rien voir venir de concret, ne semblent pas pour autant satisfaits de tout ce qu'il comporte. «Les augmentations de quelque 2 000 dinars sur des salaires de misère ne changent pas grand-chose à notre quotidien. Et puis ce sont surtout les conditions de travail, les pressions et autres comportements dégradants pour les travailleurs qui nous ont poussé à réagir», atteste un jeune chauffeur de bus. «La convention collective, ce n'est pas que la revalorisation des salaires. C'est aussi la réintégration des travailleurs licenciés abusivement. C'est le respect des droits et de la dignité des employés. Vous n'imaginez pas dans quelles conditions on travaille…», poursuit amèrement ce dernier. La protestation des employés de l'Etusa, un mouvement quasi-cyclique, ne semble pas connaître un dénouement sérieux et radical. Un dialogue sérieux entre les différents acteurs de cette entreprise ne serait pas de trop. Il s'agit de crever les abcès et dire les choses clairement entre travailleurs, partenaires sociaux et direction. Cela aussi s'appelle management et gestion de la ressource humaine. Car, pour l'heure, la première victime de ces protestations répétées est le voyageur algérois. Si l'argument du service public ne suffit pas à motiver des actions sérieuses, parlons d'argent alors : une journée de grève à l'Etusa c'est au minimum 2 millions de dinars de perte sèche… S. A.