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«La raison principale de l'agression actuelle est l'impunité accordée aux dirigeants israéliens et la complicité active de l'Occident» Pierre Stambul, co-président de l'Union juive française pour la paix, au Temps d' Algérie :
Pierre Stambul, co-président de l'Union juive française pour la paix (UJFP) explique, dans cet entretien, la raison principale, selon lui, de l'agression israélienne contre la population de Ghaza et le rôle de la Ligue arabe. Il commente également les visites de l'émir du Qatar et du président égyptien à Ghaza. Le Temps d'Algérie : Pouvez-vous nous commenter l'escalade qui a lieu actuellement à Ghaza ? Pierre Stambul : Le gouvernement israélien a décidé qu'il n'y aurait aucun retrait des territoires occupés. En même temps, il n'annexe pas formellement ces territoires, ce qui l'obligerait, à terme, à accorder la citoyenneté aux Palestiniens qui forment aujourd'hui 50% de la population entre la Méditerranée et le Jourdain. Il institue donc officiellement l'apartheid. Il a le soutien d'une majorité de l'opinion israélienne qui espère que les Palestiniens deviendront à terme les indigènes du Proche-Orient, incapables de réclamer leurs droits. De plus, on va voter en Israël. C'est déjà avec l'espoir de gagner des voix qu'en 2008, le gouvernement de Tzipi Livni avait déclenché l'offensive et le massacre à Ghaza. Netanyahu a tout intérêt à agiter en permanence la «menace» de guerre. Le complexe de Massada fonctionne à fond en Israël, c'est-à-dire la certitude que les victimes sont les Israéliens et que les Palestiniens veulent recommencer le génocide nazi. D'où les provocations du gouvernement israélien sur tous les fronts : contre l'Iran accusé de vouloir l'arme nucléaire (alors qu'Israël possède cette arme et n'a signé aucun traité de non-prolifération), contre le Hezbollah et la Syrie diabolisés, et surtout contre le Hamas. Tous les partis politiques israéliens sionistes ont contribué à déshumaniser la population de Ghaza et à autoriser, de fait, les pires crimes de guerre contre elle. La raison principale de l'agression actuelle, c'est l'impunité accordée aux dirigeants israéliens et la complicité active de l'Occident. Ce n'est pas parce qu'ils sont mal informés que les Occidentaux soutiennent inconditionnellement Israël. C'est parce que ce pays surarmé, dépensant 60% de son PIB dans les armes et les technologies de pointe, est un morceau avancé de l'Occident au Proche-Orient. Le soutien inconditionnel d'Obama et de Romney, la réception de Netanyahu par Hollande qui a renié toutes les promesses faites aux Palestiniens, le rehaussement des relations économiques entre l'Europe et Israël qui permet l'exportation sans taxe des produits des colonies, voilà les raisons de l'attaque sur Ghaza. Rien ne changera sans des sanctions. Voilà pourquoi l'Union juive française pour la paix participe à la campagne mondiale BDS (boycott, désinvestissement, sanctions). Comment qualifiez-vous le rôle du Qatar et de l'Egypte? Pourquoi, selon vous, la Ligue arabe a-t-elle décalé le débat sur la Palestine au bénéfice du soutien à la «résistance syrienne» ? Les révolutions arabes sont inachevées. Un modèle en sort pour l'instant indemne, c'est le modèle féodal, capitaliste, patriarcal, esclavagiste, intégriste et pro-occidental incarné (avec des différences sensibles) par le Qatar et l'Arabie saoudite. Ce modèle dirige temporairement la Ligue arabe. Cela dit, quelles que soient les arrière-pensées, les visites de l'émir du Qatar ou du président égyptien à Ghaza sont un signe. Les Israéliens ne rencontreront plus la complicité caricaturale qu'ils avaient obtenue sans effort de la part de Moubarak. Sur la Syrie, il n'y a aucun doute que ce régime est une dictature qui massacre son peuple et a commis sans interruption assassinats, tortures et massacres de masse. Un régime qui n'a jamais été solidaire de la Palestine. Rappelons-nous la complicité de Hafez-el-Assad (le père) et de Sharon quand, en 1983, Arafat était assiégé à Tripoli (Liban) par les troupes syriennes d'un côté et les vedettes israéliennes de l'autre. Mais les résultats catastrophiques des interventions impérialistes en Irak, en Afghanistan ou en Libye montrent bien qu'une intervention étrangère en Syrie aboutirait à la même catastrophe. C'est au peuple syrien de se libérer de sa dictature.