L'interdiction de l'exportation des déchets ferreux et non ferreux, entrée en vigueur depuis 2009, fait perdre à l'économie nationale environ 700 millions de dollars annuellement, selon M. Mohiedddine Kessai, président de la Fédération nationale des récupérateurs et exportateurs de métaux ferreux et non ferreux ; ces derniers estiment le nombre d'emplois perdus à plus de 40 000 postes. Dans une conférence de presse, organisée hier au siège de l'Union nationale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), M. Kessai a précisé que la loi portant gel de leur activité a non seulement pénalisé les 2500 opérateurs que compte le secteur, mais a coûté une perte conséquente au Trésor public, sans oublier l'impact négatif qu'elle a eu sur l'environnement. Les stocks de ferraille augmentent dangereusement. «Selon nos estimations faites depuis trois ans, il y a au mois 1 million de tonnes de déchets sur le territoire national, qui auraient pu générer des rentrées d'argent conséquentes au pays.» Ce stock «démesuré» a été constitué des suites du gel des exportations des déchets ferreux et non ferreux, décidé dans le cadre de la Loi de finances complémentaire (LFC) de 2009 et reconduite en 2010», a souligné le même intervenant qui ajoute que «les exportations couvraient au moins 50% des importations locales». Les hautes instances évoquent comme explications les besoins nationaux, mais M. Kessai précise que «le marché algérien n'est pas en mesure d'absorber ces déchets, puisque les besoins du complexe sidérurgique d'El-Hadjar à Annaba ne dépassent pas les 400 000 tonnes par an, soit 10% du stock seulement». Ouvrir le débat Par ailleurs, M. Kessai a fait savoir que sa fédération n'est pas restée les bras croisés. Elle a envoyé des correspondances à plusieurs ministères et demandé audience au Premier ministre, ainsi qu'au ministre de l'Industrie. «Nous avons été finalement reçus par le Premier ministre Abdelmalek Sellal et par le ministre de l'Industrie, de la PME et la Promotion de l'investissement, Chérif Rahmani, il y a un mois. Nous avons eu à priori une promesse pour la prise en charge de nos doléances, mais aucune suite n'a été enregistrée», regrette l'opérateur, qui appelle les autorités à trouver une «alternative», pour ne pas pénaliser les opérateurs. Dans ce cadre, Mohiédine Kessai a exprimé la disponibilité des exportateurs à dialoguer et à travailler en coordination avec les pouvoirs publics, afin de trouver une alternative et des débouchés pour ces tonnes de ferrailles entassées à perte de vue. «Le gouvernement veut réserver nos stocks pour le marché local, nous sommes d'accord, mais il faut accélérer l'ouverture d'unités de transformation. Le gouvernement a évoqué également l'installation d'entreprises étrangères, nous sommes également d'accord, si cela peut profiter à l'économie nationale. Mais en attendant que va-t-il en advenir de nous ?», s'est interrogé l'exportateur de déchets ferreux et non ferreux, qui rappelle que l'interdiction de l'exportation a «encouragé le phénomène de la contrebande» qui profite aux économies du Maroc. Interrogé sur les motifs de la promulgation de cette loi, M. Chermat, également membre de la fédération, a déclaré pour sa part que deux motivations sont évoquées par les hauts responsables. Il s'agit de fausses déclarations et de la corruption. Mais, selon lui, ces motifs ne justifient pas réellement une telle procédure et le ministère de l'Industrie devrait combattre ce genre de phénomène par «un contrôle rigoureux». M. Kessai s'est dit, par ailleurs, étonné de la procédure prise par le Conseil des participations de l'Etat (CPE) qui a subventionné les trois entreprises publiques activant dans la récupération des déchets ferreux et non ferreux, en leur accordant une enveloppe financière de 4 milliards DA. «Pourquoi encourager cette activité, puisque les stocks sont à l'abandon», s'est-il-interrogé. Pour terminer, le président de la fédération a déclaré que les exportateurs gardent espoir et attendent une invitation de la part du Premier ministre, afin de trouver un terrain d'entente et relancer l'activité. «Nous ne sommes pas une mafia. Nous sommes des opérateurs économiques. Il est clair qu'il y a des vides juridiques, mais il est temps de se concerter pour trouver des débouchés commerciaux», conclut M. Kessai.