Hausse de la contrebande, pollution de l'environnement, chômage forcé, fermeture des entreprises exportatrices sont autant de répercussions engendrées par le gel, depuis une année, des exportations des déchets des métaux ferreux et non ferreux. Le montant des exportations hors hydrocarbures a été affecté également. La prolifération actuelle des déchets ferreux et non ferreux dans la nature risque d'engendrer des problèmes de pollution. L'interdiction de l'exportation a favorisé aussi la prolifération des fonderies artisanales qui sont nuisibles pour l'environnement à cause de leurs émanations. Concernant les employés, les entreprises ont été obligées de mettre fin à leurs contrats vu le blocage de l'activité depuis février 2009. Le dépôt des bilans est évoqué par plusieurs opérateurs, regrettant au passage le silence du ministère du Commerce. Les multiples courriers adressés au ministre ou au premier ministère sont restés sans suite, s'inquiète Noureddine Sergoua, président du Comité national des exportateurs des métaux ferreux et non ferreux. En l'absence d'informations, certains exportateurs ont continué à collecter les déchets dans l'espoir de reprendre l'exportation, a-t-il indiqué. Des tonnes sont actuellement stockées par ces exportateurs dans l'attente d'une éventuelle relance de l'activité. Même si elle n'est pas encore confirmée, une probable révision de la réglementation est évoquée par les professionnels. Le ministère du Commerce, par contre, n'a laissé filtrer aucune information à ce sujet, accentuant davantage les inquiétudes des exportateurs qui souhaitent une reprise afin de sauver leurs entreprises. Pour M. Sergoua, le gel des exportations n'est pas bénéfique à l'économie nationale. «Bien au contraire, le Trésor public perd des sommes importantes. Seule la contrebande tire profit de cette situation au détriment de l'économie nationale», affirme-t-il. Notre interlocuteur pense que la suppression des exportations ne sera pas remplacée par une industrie d'affinage, qui nécessite des investissements lourds. L'Algérie a abandonné cette industrie dans les années 80 après avoir constaté qu'elle est non seulement très coûteuse mais aussi non rentable. Le risque de pollution de l'environnement est important. Les volumes de déchets des métaux ferreux et non ferreux générés en Algérie sont faibles d'où le désintérêt pour créer des entreprises d'affinage, explique-t-il. «Il faudrait 50 fois plus de quantités pour pouvoir créer des usines», a estimé Noureddine Sergoua. Le président du Comité des exportateurs, qui affiche sa disponibilité pour contribuer à trouver des solutions à ce blocage, a dénoncé «un sabotage caractérisé pour ce qui concerne les exportations hors hydrocarbures». Par ailleurs, les exportateurs des déchets des métaux ferreux et non ferreux sont constitués essentiellement de PME qui emploient des centaines de travailleurs. Ce qui leur procure le droit de se constituer en association professionnelle, laquelle attend son agrément depuis 2002. Entre autres, elle doit mettre un terme au vol et au trafic provoquant notamment la dégradation des installations électriques et téléphoniques, car «le gel des exportations des déchets n'a pas dissuadé les voleurs de cuivre, des câbles et les tampons en fonte qui servent à couvrir les regards d'égouts et les avaloirs des eaux usées». Ce sont les réseaux de la contrebande, signale-t-il, qui sont alimentés, permettant aux pays voisins de réaliser des opérations d'exportations plus importantes.