Six personnes ont trouvé la mort et des dizaines d'autres ont été blessées lors des intempéries la semaine dernière dans la wilaya de Tlemcen où plusieurs familles ont été sinistrées en raison de l'effondrement de leurs habitations. Ces intempéries ont démontré notamment à quel point les réseaux d'évacuation des eaux, les avaloirs, les routes et les ponts sont fragiles. Toutes ces infrastructures n'ont pu résister aux trombes d'eau qui ont noyé villes et villages, coupé plusieurs axes routiers, inondé les trémies, submergé les ponts et transformé les artères des villes en véritable fleuves, paralysant la circulation routière et l'activité économique. Elles ont mis à nu aussi l'absence de responsabilité des élus locaux et de l'administration qui avaient à leur charge l'exécution et le suivi de toutes ces réalisations infrastructurelles qui aurait pu mettre en péril la vie de plusieurs citoyens si ces fortes chutes de pluie avaient duré plus longtemps. Les habitations du boulevard de l'Indépendance, principale artère de la ville de Tlemcen, ont frôlé la catastrophe, n'était l'intervention rapide et énergique des éléments de la Protection civile. Ces derniers, malgré les mauvaises conditions climatiques, ont mobilisé d'énormes moyens matériels et humains pour pomper les eaux des caves inondées de ces habitations qui risquaient de s'effondrer car elles font partie du vieux bâti de la cité des Zianides. Ces inondations auraient pu être évitées si les égouts et le réseau d'évacuation des eaux étaient curés à temps et entretenus périodiquement par la commune. Il en est de même pour les trémies qui sont inondées à chaque chute de pluie et paralysent le trafic routier, comme c'est le cas des deux trémies de Bâb-Wahran et celles de la rocade-ouest et de Bab-El-Qarmadine qui a isolé plusieurs cités, dont Sidi-Saïd et Feddan Sbaa dont le système de drainage des eaux serait sous-dimensionné et inadapté. Lors de ces intempéries, les populations ont éprouvé les pires difficultés pour se déplacer et la majorité des élèves n'ont pu se rendre en classe. Que dire aussi de ces milliers de personnes des cités précaires de Boudghène, Riat, El-Koudia, Bâb-Zir, El-Kalaa et tant d'autres cités populeuses et précaires de toute la wilaya de Tlemcen qui en renferme quelque 80 répartis à travers ses 53 communes, et qui ont passé la nuit sous le déluge et dans la détresse. Ils ont espéré passer cet hiver dans un logement décent à l'abri des aléas de la nature. Malheureusement, la répartition des logements sociaux se fait encore attendre et nul ne semble se soucier des souffrances de cette frange de la société malgré les injonctions des ministres de l'Habitat et de l'Intérieur qui ont pourtant sommé les walis de «procéder immédiatement et sans délai à la répartition de tous les logements achevés et même ceux en voie d'achèvement». Par ailleurs, les routes nouvellement bitumées comme c'est le cas de l'axe Henaya-Remchi et Tlemcen-Aïn-Fezza, ont été submergées par les eaux pluviales car leur réalisation n'obéit pas aux normes techniques. Enfin, à chaque intempérie, son lot de détresse, et la prévention des risques reste toujours un vain mot pour nos responsables locaux qui ne semblent pas mesurer encore le non-respect des clauses techniques des projets et leur mauvaise exécution par les entreprises en charge de leur réalisation, alors qu'ils endossent l'entière responsabilité car il leur incombe le contrôle, le suivi et la vérification de la conformité des travaux avec les cahiers des charges avant leur réception. Il faut dire que devant cette mobilisation plus que salutaire de la Protection civile, les citoyens ont été très reconnaissants envers ce corps qui n'a ménagé aucun effort pour leur venir en aide et les réconforter dans ces moments difficiles. Toujours est-il, les services du contrôle technique ont été largement pointés du doigt par les citoyens et les tiennent, au même titre que les élus et l'administration, «pour responsables de ces lacunes graves et injustifiées», car pour eux, «l'Etat a alloué des sommes colossales pour améliorer le cadre de vie des citoyens sauf qu'à chaque fois, ces sommes d'argent sont emportées par les eaux ou les vents violents»...