Huit ans après son décès dans un hôpital militaire de la banlieue parisienne, le corps de Yasser Arafat sera exhumé mardi dans le cadre d'une enquête pour déterminer si l'ancien dirigeant palestinien a été assassiné. Taoufic al Tiraoui, qui préside la commission palestinienne chargée de superviser l'enquête, a déclaré samedi à la presse que cette exhumation constituait "une nécessité douloureuse". Les Palestiniens, a-t-il ajouté à Ramallah, détiennent "des éléments tendant à montrer que Yasser Arafat a été assassiné par les Israéliens". En Israël, les autorités nient être impliqués en quoi que ce soit dans la mort du chef historique palestinien, décédé le 11 novembre 2004 à l'hôpital militaire de Percy, à Clamart (Hauts-de -Seine) après y avoir été transporté d'urgence le 29 octobre et avoir sombré dans un coma de plus en plus profond. Taoufic al Tiraoui a précisé que la dépouille mortelle d'"Abou Ammar" serait extraite de son mausolée à Ramallah hors la présence du public et des médias. Des échantillons distincts seront confiés à des équipes de médecins légistes français et suisses, ainsi qu'à une équipe d'experts russes, invités par les Palestiniens à aider à l'examen. Après l'enquête, "le corps d'Abou Ammar reprendra sa place lors d'une cérémonie militaire qui sied à un dirigeant du peuple palestinien". Selon Taoufic al Tiraoui, l'annonce du résultat des investigations pourrait prendre plusieurs mois. Une enquête pour assassinat a été confiée en août en France à trois juges d'instruction de Nanterre (Hauts-de-Seine) sur la mort de l'ancien président de l'Autorité palestinienne après l'annonce par l'Institut de radiophysique de Lausanne (Suisse) de la découverte d'une quantité anormale de polonium sur les effets personnels remis par sa veuve, Souha. La disparition de Yasser Arafat a longtemps alimenté des soupçons d'assassinat. Les médecins français qui l'ont soigné à l'hôpital de Percy peu avant sa mort ont dit qu'ils ne pouvaient établir la cause de son décès. Souha Arafat a dit croire à la thèse d'un empoisonnement et demandé l'exhumation du corps de son mari afin que des prélèvements puissent y être effectués pour retrouver d'éventuelles traces de polonium. D'après l'Institut de radiophysique de Lausanne, un délai de huit ans est considéré comme la limite pour pouvoir détecter toute trace de substance radioactive. Aucune autopsie n'a été réalisée à la mort de Yasser Arafat, alors âgé de 75 ans, conformément au souhait originel de sa veuve.