Le Conseil de sécurité des Nations unies a décrété mercredi des sanctions contre le groupe islamiste Mujao (Mouvement pour l'unicité et le Jihad en Afrique de l'Ouest), un des groupes qui contrôlent le nord du Mali. Mujao a été ajouté à la liste noire du Comité des sanctions de l'ONU en tant que groupe lié à Al-Qaïda. Les pays membres de l'ONU ont l'obligation d'imposer aux entités et individus placés sur cette liste un gel des avoirs, un embargo sur les armes et une interdiction de voyager. Le Conseil de sécurité avait menacé ces groupes de sanctions ciblées s'ils ne se dissociaient pas du terrorisme. Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dont Mujao est issu, figure déjà sur la liste noire de l'ONU. Dans ses attendus, le Comité des sanctions souligne que le Mujao "travaille en collaboration avec Aqmi dont il tire ses capacités opérationnelles (et) partage les objectifs d'Aqmi". "Les dirigeants du Mujao sont connus pour être des trafiquants de drogue impliqués dans le trafic au Sahel et dans le sud de l'Algérie", ajoute le Comité. Il précise que le groupe est "lourdement armé" et a revendiqué en 2011 et 2012 une série d'attaques contre des gendarmeries en Algérie et d'enlèvements de travailleurs humanitaires et de diplomates algériens. Deux autres groupes armés actifs dans le nord du Mali, les islamistes de Ansar Dine et le mouvement sécessionniste touareg MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad), ont entamé mardi à Ouagadougou des premières négociations directes avec le gouvernement malien. Le Conseil de sécurité doit se prononcer prochainement sur une opération internationale pour chasser les islamistes du Nord-Mali, sur la base d'une résolution préparée par la France, à la demande de Bamako et de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest). Le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest est devenu l'un des maîtres du nord du Mali et s'est illustré par des prises d'otages. Il a notamment revendiqué fin novembre le rapt d'un Français dans l'ouest du Mali. Cet enlèvement a porté à treize le nombre d'otages étrangers détenus par Aqmi et le Mujao, dont sept Français. Fondé par le Mauritanien Hamada Ould Mohamed Kheirou, alias Abou Ghoum-Ghoum, Mujao s'est emparé il y a huit mois de la partie nord du Mali aux côtés d'Aqmi et d'Ansar Dine, adeptes d'une application rigoriste de la charia (loi islamique) dans tout le Mali. Depuis lors, sa place forte est la grande ville de Gao (nord-est), dont il s'est rendu totalement maître en évinçant le MNLA à l'issue de violents combats fin juin.