Dahou Ould Kablia, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, a affirmé que l'Algérie a arrêté l'application des procédures relatives à l'expulsion des émigrés clandestins notamment ceux qui viennent des pays du Sahel qui connaissent des situations d'instabilité politique et de guerre. Selon lui, l'Algérie a expulsé 900 émigrés clandestins de huit nationalités africaines entre janvier et juin de l'année en cours. Elle a procédé à l'expulsion de 41 078 clandestins entre 2009 et 2011. «Nous avons arrêté l'expulsion en raison de la situation qui prévaut au niveau de ces pays, notamment au Mali, au Niger, en Libye et autres», a expliqué le ministre. «C'est une décision prise pour des raisons humanitaires et tenant compte des conventions des droits de l'homme et de l'impact de cette décision au plan social, humanitaire et autres», a-t-il indiqué en marge de la séance de questions orales tenue jeudi au siège de l'Assemblée populaire nationale (APN). Le ministre, qui répondait à une question sur la proportion alarmante qu'a pris le phénomène de l'émigration clandestine notamment dans les wilayas frontalières, a précisé que l'Algérie abrite actuellement 25 00 réfugiés provenant des pays voisins où règne l'instabilité. «Nous ne pouvons pas expulser ces réfugiés vu le danger auquel ils sont exposés dans leurs pays d'origine», a-t-il dit. «Nous avons installé des tentes à Timiaouine et à Tinzawatine et mis en place toutes les conditions nécessaires qui leur permettent de vivre dignement», a-t-il ajouté. Le ministre a affirmé que l'Algérie a pris des mesures pour limiter la circulation de ces individus en situation irrégulière. «A Oran, par exemple, il y a un centre où sont regroupés ces immigrants en attendant leur transfert vers les tentes du Sud», a-t-il indiqué. Selon lui, l'ampleur qu'a pris le phénomène de l'émigration clandestine des pays de l'Afrique vers l'Algérie est dû à plusieurs raisons, notamment «l'écart de développement entre les régions du nord et du sud de l'Afrique, l'instabilité économique et sociale, les crises et conflits qui se sont déclenchés dans ces pays ainsi que le durcissement des conditions d'entrée dans les pays de l'Union européenne». Le ministre a reconnu que la progression de ce phénomène pose des problématiques d'ordre «sécuritaire, sanitaire, des situations conflictuelles dues au mariage mixte ainsi que des falsifications». Outre la commission nationale intersectorielle, installée en 1999, dont la mission consiste en «la coordination, le suivi et l'évaluation périodique de ce phénomène et la prise de décision en vue de réduire sa progression», le département de l'Intérieur a mis en place des commissions au niveau des wilayas pour suivre de près la situation et alimenter la commission nationale en données sur ce phénomène. Ould Kablia a précisé également qu'un «soutien financier a été octroyé aux wilayas d'Adrar, Illizi et Tamanrasset pour prendre en charge ces immigrés».