«L'homme à la barbe rouge». C'est ainsi que l'appellent les médias occidentaux en référence au henné sur sa barbe. Lui, c'est un certain Amar Ould Hamaha qui, dans un entretien paru dans le journal américain The New York Times, menace de s'en prendre aux otages algériens et occidentaux se trouvant entre les mains d'Aqmi et du Mujao, «dès les premières heures de l'intervention militaire étrangère au nord du Mali», a-t-il lancé. Joint par téléphone par le journal cité, le mystérieux personnage «très sollicité par la presse occidentale pour sa maîtrise de la langue française» a menacé que «dès les premières heures de l'intervention militaire étrangère au nord du Mali, trois otages algériens et dix otages occidentaux seront égorgés». Le mystérieux personnage proférait cette menace tout en se présentant comme étant «le numéro deux du mouvement islamiste Ançar Eddine». Ce mouvement a vite réagi en déclarant que ce personnage n'en a jamais fait partie et s'est démarqué de cette menace. «L'homme à la barbe rouge» se fait également passer pour un «émir» d'Aqmi. «L'homme à la barbe rouge», qui se présente comme étant «un féroce combattant», établit de cette façon un lien entre Aqmi et Ançar Eddine. Un lien qui, pourtant, n'existe pas. Dans un site proche d'Aqmi et du Mujao, Al Qaïda au Maghreb islamique a démenti, à son tour, hier, que ce personnage fait partie de ses éléments. Son rôle est d'autant plus énigmatique que c'est lui qui, parfois, prend «l'initiative» de contacter certains médias occidentaux pour faire des déclarations au nom d'Ançar Eddine. Des observateurs croient savoir qu'en menaçant, au nom d'Ançar Eddine, d'exécuter trois otages algériens et dix otages occidentaux, «l'homme à la barbe rouge» tenterait, d'une part, de faire changer la position algérienne qui privilégie la solution pacifique à la crise malienne et, d'autre part, de semer le doute parmi l'opinion publique internationale au sujet des otages. «L' homme à la barbe rouge» tenterait, selon ces observateurs, de lier le mouvement Ançar Eddine aux rapts et, de cette façon, l'inclure dans les cibles d'une éventuelle intervention militaire étrangère au nord du Mali, d'une part, et exclure, d'autre part, ce mouvement du processus de négociations en cours, à Alger et à Ouagadougou (Burkina Faso), et obtenir, par là, l'échec des négociations au profit d'une intervention militaire. Des contrevérités lancées par «l'homme à la barbe rouge» puisqu'on sait que le mouvement Ançar Eddine n'est mêlé ni de près ni de loin aux rapts qu'il a dénoncés et que les enlèvements des Algériens et des Occidentaux, notamment, ont été revendiqués par Aqmi et Mujao. Le mouvement Ançar Eddine a exprimé son rejet de l'extrémisme et du terrorisme, rappelle-t-on. Le Mujao a, rappelle-t-on encore, enlevé sept diplomates algériens, il y a un peu plus de sept mois, à Gao, ville du nord du Mali. Cette organisation terroriste avait annoncé avoir exécuté l'un des otages. L'annonce de l'exécution avait été accueillie avec prudence par Alger puisqu'aucune image de l'exécution n'avait été diffusée par cette nébuleuse.