Le nombre de biens immobiliers bâtis par les étrangers en Algérie, en particulier pendant la période coloniale, est enfin connu. Les biens en question se chiffrent à quelque 24 300 bâtisses de différents types, dont la plus grande partie a été construite pour usage d'habitation. Ce chiffre a été communiqué hier par Mohamed Himeur, directeur général du Domaine national à l'occasion d'une conférence de presse qu'il a animée au ministère des Finances. Le conférencier qui a été interrogé sur les biens immobiliers des étrangers, en particulier ceux abandonnés par les Français au lendemain de l'Indépendance, a tenu à préciser que «ces immeubles devaient rester inoccupés et classés propriété spécifique de l'Etat algérien en vertu du décret n° 01- 66 paru en 1966». Cependant, poursuit le DG du Domaine national, le contenu de ce décret n'a pas été appliqué. En conséquence, beaucoup de ces biens ont été occupés par des familles algériennes qui y ont élu domicile, tandis qu'une autre partie de ces immeubles a été placée sous la gestion de l'Office national de gestion et de promotion immobilière (OPGI). S'agissant des biens occupés par les Algériens dont certains remontent au début du siècle dernier, «la direction générale du Domaine national a engagé une action en vue de leur récupération», fera savoir Mohamed Himeur. Il enchaîne en mettant l'accent sur l'existence de plusieurs affaires en justice opposant des Algériens à des étrangers désirant récupérer leurs biens en Algérie. Ceci dit, le nombre de 24 300 biens immobiliers bâtis par les étrangers en Algérie et dont la plus grande partie a été sans doute construite durant les 132 ans de la colonisation française était jusque-là inconnu de l'opinion algérienne, avant qu'il soit révélé par le DG du Domaine national, à la veille de la visite du président François Hollande en Algérie. Sévère réquisitoire contre les investisseurs D'autre part, le conférencier s'est montré très critique vis-à-vis des investisseurs pour lesquels on a assoupli la procédure d'acquisition du foncier, notamment en termes de baisse des prix, mais dont les projets créés n'ont pas eu d'impact en termes de résorption du chômage ou même de baisse des factures d'importation. «Les services des domaines ont accordé, ces dernières années, près de 100 000 ha au profit des investisseurs. Force est de constater que cela a peu servi à booster la machine économique du pays. Le taux de chômage demeure toujours élevé, tout comme l'est la facture des importations», a déploré le conférencier, rappelant que le foncier est une ressource non renouvelable. Autre information révélée hier par Mohamed Himeur lors de sa conférence animée conjointement avec Mustapha Rabi, DG de l'Agence nationale du cadastre (ANC), la réception pour bientôt de 45 nouvelles structures rattachées à la direction générale du Domaine national. «Ces 45 nouvelles structures se répartissent en quinze inspections des domaines et en une trentaine de conservations foncières qui seront bientôt opérationnelles à travers l'ensemble du pays», a indiqué en substance Mohamed Himeur. Ce dernier a également annoncé la création très prochaine d'un observatoire des prix du foncier et de l'immobilier. Cet organisme aura pour mission «de mettre au même niveau le coût du terrain domanial et celui appartenant au privé et de mettre fin ainsi à la pratique de la spéculation sur les prix», dira le conférencier. Les services des domaines et ceux de la conservation foncière disposeront également pour chacun d'eux d'un nouveau département pour gérer les contentieux, a-t-il informé, en n'omettant pas de souligner la future création de l'Ecole nationale des domaines et de conservation foncière. Sur un autre volet, Mohamed Himeur a aussi confirmé la suppression du certificat négatif dans la constitution d'un dossier d'acquisition d'un Logement promotionnel aidé (LPA), en précisant que ce certificat n'est plus l'affaire du citoyen, mais plutôt de l'administration, par le biais d'une collaboration entre les services de la conservation foncière et la Caisse nationale du logement (CNL).