L'élection de François Hollande à la présidentielle arrive en tête des événements majeurs de l'année 2012 en France, marquant ainsi le retour de la gauche au pouvoir après 17 ans de gouvernement de droite. En remportant l'élection présidentielle avec 51,62% des suffrages exprimés, François Hollande a réconcilié la gauche avec ce scrutin, alors que depuis les succès de François Mitterrand en 1981 et 1988, la gauche semblait incapable de remporter l'élection qui mène au pouvoir suprême. M. Hollande devient ainsi le septième président de la Ve République, et le second de gauche, après François Mitterrand, élu en 1981 et 1988 avec respectivement 51,76 % face à Valéry Giscard d'Estaing et 54,01 % face à Jacques Chirac. Cela faisait 24 ans que la gauche n'avait pas remporté un scrutin présidentiel. Tout au long de sa campagne, M. Hollande a mis ses pas dans ceux de François Mitterrand, dont il voulait être "enfin le successeur". Le candidat socialiste était le grand favori de ce scrutin face au président sortant Nicolas Sarkozy. Il était donné vainqueur de cette élection, dans les sondages, depuis sa victoire à la primaire du PS, le 16 octobre 2011. Le 22 avril 2012, M. Hollande était arrivé en tête du premier tour avec 28,63 %, devant M. Sarkozy (27,18 %). Pour les Français, l'heure de l'alternance avait sonné et la crise économique et financière que la France et l'Europe traversent depuis quatre ans ont fortement érodé le capital de confiance des Français dans leur système politique. Une forte impopularité s'est exprimée face à un exécutif sortant que l'inquiétude et l'insatisfaction des électeurs ont transformé en responsable de tous les maux de la société française. La droite détenait le pouvoir présidentiel sans interruption depuis dix-sept ans. Si Nicolas Sarkozy avait gagné, il aurait permis à son courant politique d'emporter pour la quatrième fois de suite l'élection présidentielle. Aucun courant politique n'a réussi une telle performance sous la Ve République. Le général de Gaulle et Georges Pompidou avaient fait triompher le courant gaulliste à trois reprises. Giscard d'Estaing et le courant libéral n'avaient effectué qu'un mandat. François Mitterrand et le courant socialiste avaient gouverné pendant deux mandats. Jacques Chirac puis Nicolas Sarkozy ont conservé l'Elysée dans le giron néogaulliste pendant trois mandats. Avec son slogan "Le changement, c'est maintenant", François Hollande a misé sur l'impopularité du président sortant pour se propulser à l'Elysée en se présentant comme un "président normal" en opposition au style de son adversaire. En dévoilant lors de sa campagne, ses 60 engagements pour la France, estimé à 20 milliards d'euros à l'horizon 2017 avec une profonde réforme de la fiscalité, des mesures en faveur des PME avec la création d'une Banque publique d'investissement et une refonte de l'impôt sur les sociétés au profit de ces entreprises et présenté des propositions sur l'éducation, la jeunesse et l'emploi, François Hollande présente ainsi l'ossature d'un programme qui veut tourner le dos au monde de la finance. Au volet de l'immigration, la mesure de François Hollande la plus médiatisée en la matière concerne le droit de vote des étrangers. C'est la mesure phare du PS et une des plus décriées à droite. Hollande a proposé en effet de donner ce droit de vote aux étrangers aux élections locales. Condition pour bénéficier de ce droit : résider légalement en France depuis au moins 5 ans. Une loi constitutionnelle sur le droit de vote des étrangers a déjà été adoptée au sénat en décembre 2011. Mais le président de l'Assemblée nationale française Claude Bartolone a jugé en juillet dernier un référendum nécessaire, "parce que nous n'avons pas les trois cinquièmes des voix au sénat et à l'assemblée pour inscrire ce droit dans la constitution". "Il faudra attendre un moment de maturité pour que le oui ait une chance sérieuse de l'emporter", selon lui. Or, cet engagement n'a toujours pas été réalisé. Toujours au volet de l'immigration, voulant démolir l'image de "laxiste" que la droite a tenté de lui construire, Hollande a fait alors preuve d'une nouvelle fermeté face à l'immigration. Il réaffirme qu'il maintiendrait les quelques 30.000 régularisations par an, et assure que celles-ci se feraient sur "des critères qui seront les mêmes pour tous", que "ça ne sera pas l'arbitraire" et qu'il n'y aura pas de régularisation de "convenance". Il s'est par ailleurs montré également ferme sur l'immigration professionnelle, soulignant que le "parlement fixera le chiffre des besoins" de l'économie française. Il engage en outre une mesure favorable en direction des étudiants étrangers, en supprimant la circulaire Guéant (du nom de Claude Guéant, l'ex-ministre de l'Intérieur de Sarkozy) sur le changement de statut leur permettant de postuler à un emploi au terme de leurs études en France. Il veut également continuer à accueillir les étudiants étrangers (60.000 en 2011). Il ne fixe toutefois pas de chiffres précis en matière d'accueil des étrangers, estimant qu'il est impossible de réduire, sous condition d'un minimum de revenus et d'une connaissance de la langue française, l'immigration légale (famille et couples mixtes) protégée par le droit européen et les conventions internationales. Par ailleurs, un étranger en situation irrégulière "a vocation à être reconduit" dans son pays, selon le président français qui n'a pas fixé d'objectifs chiffrés en la matière. Il souhaite des alternatives à "la rétention administrative" des personnes en voie de reconduite comme le recommande la "directive retour" de l'Union européenne. François Hollande s'est en revanche engagé à supprimer le placement en rétention des enfants, pour lequel la France a été condamnée par la Cour européenne des droits de l'Homme. Depuis son élection en mai dernier, le chef de l'Etat français a mis en œuvre une grande partie de ses 60 engagements en matière économique et sociale, mais a dû aménager son projet en raison de la crise. Après sept mois à l'Elysée, sa popularité est en chute libre, sous de sombres augures économiques et sous le feu des critiques de l'opposition qui l'accuse d'attentisme et de laxisme face aux situations intérieure et internationale. La situation économique en France se dégrade et l'exécutif est confronté au problème de la relance. L'économie française va commencer l'année 2013 sans aucun élan de croissance et elle continuera à détruire des emplois au premier semestre. L'Institut national des statistiques et des études économiques (Insee) prévoit une dégradation de la quasi-totalité des indicateurs.