En installant, dernièrement, la commission de suivi de renouvellement des instances sportives, le Pr Mohamed Tahmi, ministre de la Jeunesse et des Sports, a été catégorique. «Le mandat olympique 2009-2012 a été catastrophique» a-t-il déclaré avant d'ajouter : «Ce n'est pas la médaille d'or de Toufik Makhloufi aux Jeux de Londres qui pourra cacher la misère du sport algérien.» Quand on a pris connaissance de ces propos, on se projette automatiquement sur 2009, l'année où avait eu lieu le dernier renouvellement des instances sportives, quand le ministère de la Jeunesse et des Sports promettait monts et merveilles au sport algérien grâce aux hommes et aux femmes qui venaient d'être installés à la tête des fédérations sportives, une installation à laquelle il avait grandement contribué. Aujourd'hui s'il y a échec des fédérations sportives, il se répercute fatalement sur le MJS de l'époque qui nous disait que le sport algérien allait redémarrer sur de très bonnes bases. Voilà où a mené l'application d'un décret, le 05-405, par lequel on avait pu se «débarrasser» de tous ceux et de toutes celles qui étaient aux commandes des fédérations sportives. Nous ne disons pas qu'il s'agissait de gens extrêmement compétents mais quand on se propose de les mettre à la porte pour les remplacer par d'autres, on se doit de faire en sorte que ces nouveaux soient assez bons pour aider le sport algérien à se développer et à devenir plus fort. En tout cas l'histoire retiendra que la période que nous venons de passer, entre 2009 et 2012, est l'une des plus faibles, en terme de production des sportifs algériens, depuis l'indépendance de l'Algérie. Mohamed Tahmi semble avoir bien compris le problème, lui, qui a annoncé, lors de la cérémonie de mercredi dernier, que son département n'allait plus désigner d'experts pour siéger dans les assemblées générales des fédérations sportives. «Ce sera à ces fédérations de choisir leurs élus et d'assumer seules la responsabilités de leurs actes», a-t-il déclaré. Les experts dont ils parlent ce sont tous ces gens qui s'étaient retrouvés en train de siéger dans les assemblées générales des fédérations sportives et dont la particularité était d'avoir été désignés par le ministre chargé des sports. Ils auraient dû avoir, normalement, un rôle de contrôle au sein de ces instances, à savoir mettre en garde les responsables fédéraux sur leurs dérives. Malheureusement, ils n'ont jamais accompli ce genre de mission. Quant à ceux qui avaient pu accéder aux bureaux fédéraux, ils se sont montrés complices des errements de leurs collègues. Ce terme d'expert était d'ailleurs farfelu puisqu'à l'époque nous n'avions pas manqué de nous moquer du MJS qui avait désigné comme expert dans l'AG du volley-ball quelqu'un connu pour ses compétences dans… le judo où il exerçait comme formateur et entraîneur. L'aveu du ministre L'aveu du ministre par lequel il indiquait que le mandat olympique 2009-2012 était catastrophique s'aggrave lorsqu'on apprend que ces fédérations sportives ont été abondamment financées durant cette période. Pour tout dire, durant ces trois dernières années, ces instances ont été bénéficiaires des plus grosses rentrées d'argent de la part de l'Etat depuis l'indépendance du pays. Pour vous citer un exemple, une Fédération comme celle du judo était passée d'une subvention de près de 5 milliards de centimes l'an à une autre de 35 milliards de centimes. Celle qui «roulait» avec un fond de 5 milliards de centimes obtenait des médailles olympiques, africaines, arabes et se permettait de qualifier 12 athlètes aux Jeux olympiques alors que celle qui a obtenu 35 milliards de centimes de subvention n'a pu qualifier aux Jeux de Londres que deux athlètes dont l'une sur invitation et a perdu des titres africains que les Algériens avaient l'habitude de remporter. Il faut, à ce propos, saluer la décision du Pr Tahmi qui a dit que le renouvellement des instances sportives se fera une fois que sera accompli l'audit de chacune de ces Fédérations. «Celui qui aura fauté n'aura pas la possibilité de se représenter», a-t-il révélé. En fait ils ne sont peut-être que quelques uns à prétendre à un nouveau mandat pour avoir obtenu des résultats conformes à leurs prévisions. Les autres, tous les autres, devraient comprendre qu'ils ont passé trois ans à la tête des fédérations sportives à faire du n'importe quoi alors que les moyens financiers ne manquaient pas. Ils doivent savoir partir et quitter la scène. C'est déjà un grand honneur d'avoir diriger ces fédérations sportives, un costume trop grand pour eux. C'est le bien du sport algérien qui leur commande d'agir de la sorte.