La visite qu'effectue aujourd'hui dans notre pays le Premier ministre malien, Diango Cissiko, pour un séjour officiel de deux jours, intervient dans une conjoncture où la région Nord de son pays est confrontée à un sérieux risque d'embrasement. Comme énième rebondissement de la crise secouant le nord du Mali, force est de constater qu'il n'est plus question désormais de pourparlers à engager sur le sol malien ou ailleurs entre représentants des parties directement impliquées dans le conflit. Le pourrissement de la situation a conduit à l'inévitable langage des armes, comme l'attestent les attaques terroristes qui se sont traduites par la prise de la ville de Konna, à 700 km de Bamako. L'armée malienne s'évertue à libérer cette ville et ses habitants, au nombre de 700 000, du diktat des rebelles, ce qui aurait été possible au bout d'un affrontement sanglant de 24 heures qui aurait fait de nombreuses victimes dans les deux camps. Plusieurs sources concordantes rapportent que l'armée malienne a été aidée dans son assaut par des troupes françaises et africaines. Bref, c'est donc dans ce contexte de régression spectaculaire de la situation sécuritaire au Nord du Mali que le Premier ministre de ce pays sera reçu à Alger. «Cette visite permettra aux deux pays de procéder à un échange de vues approfondi sur la situation au Nord Mali, et sur les efforts en cours pour un règlement de la crise multidimensionnelle qui affecte ce pays», écrit-on dans un communiqué des services du Premier ministère algérien cité hier par l'APS. Les objectifs d'une visite Le même document évoque en outre des discussions entre les autorités algériennes et les membres de la délégation malienne conduite par Diango Cissiko, via lesquelles est gagé l'objectif d'un «renforcement de la coopération entre les pays du champ (Algérie, Mali, Niger et Mauritanie) et les partenaires extra-régionaux pour éradiquer le terrorisme et le crime organisé, qui constituent une menace pour la stabilité et la sécurité dans la région du Sahel». Pour sa visite à Alger, le chef de l'exécutif malien sera accompagné, indique-t-on, des ministres de la Défense, de l'Administration territoriale et de l'Aménagement du territoire, de l'Equipement et des Transports et de hauts responsables civils et militaires. Au nord du Mali, d'aucuns s'accordent à dire que la guerre fait rage entre les islamistes d'Ançar Eddine et l'armée malienne. La zone de combat n'est pas très éloignée du tracé frontalier algéro-malien, ce qui fait que les autorités algériennes sont pour l'heure concentrées à garantir une sécurité optimale de nos 1400 km de frontières avec le Mali. Cependant, qu'il s'agisse de partenaires extra-régionaux évoqués plus haut et qui sont concernés par la crise malienne, la France en premier lieu, ou des différentes parties impliquées par cette crise, nul n'ignore que la solution à la sempiternelle problématique malienne passe inévitablement par le concours d'Alger. Une solution dont les contours devront prendre une forme plus apparente au terme de la visite du Premier ministre, attendu par ailleurs à Paris avant la fin de la semaine.
La France enregistre ses premières pertes au Mali En attendant, le président malien Diocounda Traoré a appelé, hier matin, son homologue français, François Hollande, pour le remercier d'avoir engagé depuis vendredi ses militaires aux côtés de l'armée malienne pour combattre les islamistes d'Ançar Eddine. Le quotidien français Libération, qui a fait part hier de cet entretien téléphonique, ne manquera pas aussi d'évoquer les risques qu'encourt Paris à travers son enlisement dans le bourbier malien. «Le risque pour la France est de perdre des hommes, ce qui aurait un effet dévastateur», indique Dominique Thomas, spécialiste des mouvements islamistes, cité par la même source. En matière de perte d'hommes, la France a déjà perdu un pilote tué lors d'un raid d'hélicoptères. Ainsi, dans un contexte où tous les ingrédients sont réunis pour embraser la région du Nord du Mali, l'ONU souhaite de son côté que la résolution 2085 adoptée par le Conseil de sécurité soit mise à exécution dans l'immédiat. C'est d'ailleurs la mission confiée à l'envoyé spécial onusien pour l'Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit, qui, selon l'APS, se rendra à Bamako au début de la semaine prochaine.