Des accrochages ont eu lieu entre des unités de l'armée malienne et des combattants d'Ansar Dine sur la route menant à la ville de Mopti, dans le Nord-Mali. C'est la première fois que l'armée malienne s'affronte avec l'un des groupes islamistes armés contrôlant le nord du pays depuis avril de l'année dernière. Les islamistes d'Ansar Dine, réclament l'instauration de la charia au nord du Mali, chose que rejette le gouvernement malien. Des combattants d'Ançar Edine avaient quitté hier la ville de Tombouctou en direction de Mopti où l'armée malienne se prépare à aller à la reconquête du Nord. Des témoins oculaires ont affirmé au correspondant de Sahara médias que des voitures appartenant à Ansar Dine ont pris la direction de Mopti avec à leur bord des hommes qui ont l'apparence de se préparer au combat. Ançar Edine a annulé une proposition d'arrêt des hostilités faite auparavant aux autorités maliennes et a présenté une proposition à l'intermédiaire dans la crise, le président Burkinabé Blaise Compaoré, pour exiger une autodétermination de l'Azawad avec possibilité d'y appliquer la charia. De même, dans son discours à l'occasion du nouvel an, le président malien intérimaire, Dioncounda Traoré, a déclaré que son pays «ne va pas attendre des mois pour mener une offensive destinée à reconquérir le Nord Mali». S'adressant au peuple malien, Traoré a indiqué que «la guerre va débuter plus vite que ne le pensent certains et que l'armée malienne va y jouer un premier rôle». Selon des témoins des convois de pick-up transportant des groupes d'islamistes fortement armés ont été signalés dans la région de Mopti (à un demi-millier de km au nord-est de la capitale), non loin des positions tenues par l'armée malienne qui a procédé à plusieurs tirs de sommation. «Les insurgés avancent et ont été repérés en plusieurs endroits. (...) Nous les attendons. S'ils nous attaquent, nous riposterons», a indiqué une source militaire sous le sceau de l'anonymat. «L'armée malienne avait effectué lundi et, dans la nuit de lundi à mardi, vers Kona [localité de la région de Mopti, NDLR], des tirs de sommation face à l'ennemi, qui a reculé», a déclaré, pour sa part, une autre source militaire dans la matinée de mardi. Le ministre de la Défense, le colonel Yamoussa Camara, a quant à lui déclaré au micro de RFI que des «groupes djihadistes» s'étaient déployés en plusieurs endroits de la ligne de démarcation séparant le Nord, aux mains des insurgés, du Sud, contrôlé par le gouvernement. Du côté des rebelles, le silence est de mise. «Pour des raisons stratégiques, nous ne disons pas où se trouvent nos combattants. Le gouvernement malien est responsable de ses propos, quels qu'ils soient, sur des mouvements de troupes», a déclaré le porte-parole d'Ansar Dine, Sanda Ould Boumama. La Guinée apporte son soutien total au peuple malien. Depuis le mois d'avril, des islamistes radicaux, parfois alliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), se sont emparés des deux-tiers du pays. Les insurgés ont profité de la désorganisation de l'armée et du vide politique créé par le coup d'Etat militaire ayant renversé le président Amadou Toumani Touré, le 22 mars dernier. Le 20 décembre, l'ONU a approuvé le déploiement d'une force internationale pour déloger les groupes armés du Mali sans préciser de calendrier, mais en indiquant qu'il se fera par étapes. Elle exhorte également la mise en place d'un dialogue avec ceux qui rejettent le terrorisme et la partition du pays. Lundi, après un entretien entre le président guinéen Alpha Condé et le Premier ministre malien Diango Cissoko, en visite à Conakry, la Guinée a réaffirmé son soutien total au Mali. Lors de ces échanges, «nous avons fait le tour d'horizon [de la situation] et je pense que nous partageons la même vision sur la nécessité de récupérer le Nord et [sur la nécessité de tenir] des élections pour qu'il y ait un gouvernement légitime» au Mali, a ajouté le président guinéen. «Notre rôle est d'aider le Mali à se libérer et à combattre les forces terroristes», a-t-il poursuivi, indiquant que son pays n'était pas concerné par la médiation. Le Burkina Faso, pays voisin du Mali a, en effet, été désigné par l'Afrique de l'Ouest médiateur dans la crise malienne, tout comme l'Algérie.