Branle-bas de combat au Mali où face à l'avance des djihadistes vers le Sud, l'armée malienne a abandonné la localité de Konna. Bamako a lancé un appel à l'aide militaire de la France qui a répondu favorablement, le Conseil de sécurité ayant appelé à soutenir les forces maliennes. Le Premier ministre malien sera dimanche à Alger. Aujourd'hui, les Premiers ministres des trois pays maghrébins (Algérie, Tunisie, Libye) se réunissent à Ghadamès. La guerre arrive plus tôt que prévu ! Paris s'abritant derrière le Conseil de sécurité qui appelé jeudi à «aider» les forces maliennes, «à réduire la menace représentée par les organisations terroristes et les groupes affiliés», a répondu favorablement et se prépare à intervenir. C'est que sur le terrain, le nouveau mouvement des djihadistes révèle, une fois de plus, l'inconsistance de l'armée malienne. Son chef d'état-major affirmait, il y a peu, que l'armée était prête à aller à la «reconquête» du nord et qu'elle n'attendait qu'un signal du pouvoir politique. A Konna, c'est la preuve du contraire qui a été administrée. Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré s'est résolu à solliciter une aide militaire de la France pour contrer l'avancée des djihadistes qui seraient au nombre de 1.200 hommes, circulant dans des véhicules tout-terrain. Le Conseil de sécurité, réuni jeudi, ayant appelé les Etats membres à soutenir les forces maliennes. La France, a déclaré François Hollande, «répondra strictement dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU et elle sera prête à arrêter l'offensive des terroristes si elle devait se poursuivre»». «Je le dis ici avec la solennité nécessaire, nous sommes face à une agression caractérisée», a affirmé le président français. L'intervention a déjà lieu. Des témoignages concordants font état de renforts étrangers dont des soldats blancs qui sont arrivés à Sévaré, une base militaire de l'armée malienne, située au centre du pays. Ces forces seraient même engagées dans la contre-offensive qui aurait permis -le conditionnel reste de mise- une reprise de la localité de Konna. ANÇAR EDDINE A-T-IL BRULE SES VAISSEAUX ? Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian s'est entretenu par téléphone avec le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta et devait le faire avec ses homologues britannique et allemand. La rencontre entre les représentants de Bamako et les deux groupes rebelles targuis, prévue pour jeudi à Ouagadougou, est reportée. Il n'est pas certain qu'elle puisse se tenir en raison de l'emballement de la situation, après près de 9 mois de «paix» relative entre le Nord et le Sud. Mais que veulent les djihadistes qui ont fait mouvement vers le sud, sous la houlette d'Ançar Eddine ? Faire une démonstration de force afin de négocier, en bonne position, ou aller plus loin vers le sud pour court-circuiter un éventuel déploiement d'une force internationale ? En tout cas, Ançar Eddine qui a cultivé l'ambiguïté sur ses intentions n'est pas loin d'avoir brûlé ses vaisseaux. Son statut d'interlocuteur pourrait être remis en question. Le Conseil de sécurité de l'Onu, réuni jeudi, a adopté une déclaration appelant à un «déploiement rapide» de la force internationale au Mali devant la «grave détérioration de la situation» sur le terrain. Il a appelé les Etats membres «à aider les forces de défense et de sécurité maliennes à réduire la menace représentée par les organisations terroristes et les groupes affiliés» qui contrôlent le nord du pays. La résolution demande un déploiement rapide de la Mission internationale de soutien au Mali, sous conduite africaine (MISMA). Le Conseil de sécurité «appelle à la mise en place immédiate d'une feuille de route politique convenue, qui inclut des négociations sérieuses avec les Maliens non-extrémistes du nord et presse pour le plein rétablissement de la gouvernance démocratique». C'est une nouveauté. La formule «maliens non-extrémistes» semble taillée sur mesure pour Ançar Eddine qui pourrait se retrouver hors négociations et classé dans la case «terroriste». REUNION D'URGENCE A GHADAMES La question sera probablement examinée dimanche à Alger où le Premier ministre malien est attendu pour discuter de la situation, au nord du Mali. Le Premier ministre malien Diango Cissiko sera accompagné des ministres de la Défense, de l'Administration territoriale et de l'Aménagement du territoire, de l'Equipement et des Transports et de hauts responsables civils et militaires, indique un communiqué officiel à Alger.»Les deux parties examineront, dans ce contexte, les voies et moyens de renforcement de la coopération entre les pays du champ et les partenaires extra-régionaux pour éradiquer le terrorisme et le crime organisé qui constituent une menace pour la stabilité et la sécurité dans la région du Sahel», ajoute la même source. Aujourd'hui, les Premiers ministres d'Algérie, de Libye et de Tunisie se rencontrent à Ghadamès pour discuter de la sécurité des frontières. Le Premier ministre libyen Ali Zeidan a déclaré cette semaine, que cette réunion serait consacrée aux mesures pour sécuriser les frontières «en luttant contre la circulation des armes et des munitions ainsi que les autres trafics». La formule avoir le «doigt sur la gâchette» est plus que jamais de mise pour les pays de la région qui essayent de se prémunir des effets collatéraux d'une guerre qui semble venir plus tôt que prévu, au Mali.