De jeunes clandestins maliens, rencontrés à Oran, se disent inquiets pour leurs familles restées dans le pays. «Certes, nous ne sommes pas originaires du Nord contrôlé par Ançar Eddine, mais avec les frappes aériennes décidées par la France et le gouvernement, le risque est grand», affirme Ahmadou, qui se dit originaire d'une ville proche de Gao, qui avait connu ces dernières heures des combats acharnés lors de la dernière offensive des djihadistes, en direction de Bamako. Ce dernier que nous avons rencontré dans un cybercafé ne manquera pas d'affirmer que l'intervention des forces étrangères est devenue inéluctable depuis qu'Ançar Eddine a rompu les négociations qui étaient en cours pour lancer son offensive en direction du Sud. «La stratégie de l'Algérie visait à parvenir à une solution sans effusion de sang. C'est une stratégie qui a été contrariée par la volonté du gouvernement provisoire de faire appel à la France et à des contingents de pays de l'Afrique de l'Ouest. Aujourd'hui rien n'indique que la fin des opérations est proche, la situation pourrait s'enliser et cela sera très mal vécu par les pays limitrophes qui feront face à un flux de réfugiés», dira-t-il, tout en précisant qu'il n'est pas contre la volonté du gouvernement provisoire de son pays d'en découdre avec les groupes islamistes. Un autre ressortissant malien ne manquera pas quant à lui de signaler que le conflit au nord de son pays a créé une situation de tension dans toutes les régions. «Aujourd'hui au Mali, chacun espionne l'autre et la peur s'est installée même dans les régions qui ne sont pas sous le contrôle des islamistes. Il était temps et l'intervention militaire devrait être soutenue pour éviter la partition du pays. Les troupes affiliées à Aqmi avaient depuis longtemps battu le rappel de combattants, venus de Libye, du Niger et de plusieurs pays. Leurs capacités pouvaient être décuplées par un arsenal détourné de Libye et par des contingents de djihadistes venus de Somalie et d'ailleurs. Aujourd'hui, ces groupes contrôlent toute la bande frontalière qui s'étend du Niger en passant par la Libye et le Tchad. Il fallait mettre fin à leur progression vers le sud du pays», dira-t-il. Et même si les avis des uns et des autres divergent, tous s'accordent à dire qu'il faut coûte que coûte débarrasser leur pays du spectre de la partition.