A moins d'une extermination pure et dure des mercenaires terroristes sévissant dans la bande du Sahel, l'Algérie et plus particulièrement le sud algérien restera toujours sous la menace du Mujao, d'Aqmi et d'autres groupes terroristes nés pour semer mort et désolation sur leur passage. Et pour cause, à peine l'attaque du site gazier de Tiguentourine à laquelle l'armée algérienne a su faire face commence à se conjuguer au passé, que le sanguinaire Mokhtar Belmokhtar vient d'affirmer, via son porte-parole Joulaybib, un Mauritanien dont le nom réel est Hacène Ould Khalil, que «l'attaque d'In Amenas n'est qu'un début». Joint par téléphone par Paris Match, le bras droit de Belmokhtar a indiqué en exclusivité à l'hebdomadaire parisien que l'attaque d'In Amenas est, à son avis, «à 90 % un succès», arguant que le groupe terroriste a réussi à s'introduire dans un site stratégique hautement sécurisé. «On a pu atteindre un site stratégique protégé par 800 soldats, avec seulement 40 hommes», dira le terroriste Joulaybib. D'entrée, ses propos mensongers, autant sur le nombre de terroristes qui ont attaqué le site gazier qu'au sujet des sentinelles mobilisées pour sa surveillance, relève ni plus ni moins d'une propagande visant à démontrer la force de nuisance d'Aqmi. Comment peut-il en être autrement, sachant qu'aucun des objectifs gagés par les 32 terroristes qui ont attaqué le site d'In Amenas n'avait été atteint, comme l'a d'ailleurs rappelé le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui a relaté lundi, avec une précision d'horloger, les faits de cette tragédie. En effet, les terroristes, tous neutralisés par l'unité d'élite de l'ANP, qui en a abattu 29 et arrêté 3, n'ont pu repartir avec des otages étrangers, comme ils ne sont pas parvenus à faire exploser le site gazier qu'ils ont attaqué. Ils ont, au contraire, subi un échec cuisant de la part de l'armée algérienne dont les éléments ont, en outre, récupéré un important arsenal de guerre sophistiqué qui aurait pu être utilisé dans d'autres attaques du même genre. S'agissant toujours de la prise d'otages d'In Amenas, le terroriste Joulaybib fera savoir au collaborateur de Paris Match qu'il y a eu tentative de négociations avec les autorités françaises par le biais d'un notable connu de la région du Sahel. «L'objectif n'a jamais été de tuer ou de blesser les otages», a-t-il dit, cité par la même source. Il précisera qu'à travers ces négociations, démenties par le ministère français des Affaires étrangères, le groupe terroriste voulait obtenir «l'arrêt de l'offensive française au Mali contre les islamistes, la libération d'Omar Abdel-Rahman, dit «le cheikh aveugle», détenu aux Etats-Unis pour son rôle dans les attentats du World Trade Center et la libération de Afiaa Siddiqui, une scientifique pakistanaise, également incarcérée en Amérique pour terrorisme», a précisé Paris Match. Aqmi renouvelle sa menace contre la France Le porte-parole du sanguinaire Mokhtar Belmokhtar a en outre émis de nouvelles menaces d'attentats à commettre sur le sol français. «La France des croisés et de juifs sionistes paiera son agression contre les musulmans du nord Mali, mais pas seulement, ses valets aussi», a-t-il déclaré. Ajoutant : «J'espère que la France se rend compte qu'il va y avoir des dizaines de Mohamed Merah et de Khaled Kelkal» (responsable d'une série d'attentats sur le sol français dans les années 1990, ndlr), a rapporté l'hebdomadaire parisien. Au sujet de l'intervention militaire française au Mali, Jean-Yves le Drian, ministre français de la Défense, a indiqué hier dans les colonnes du journal Sud-ouest que les militaires de son pays, engagés au Mali, ont ciblé avant-hier les bases arrières des terroristes à Gao et à Tombouctou pour les empêcher de venir s'y ressourcer et s'y réorganiser. L'Algérie pourrait jouer un rôle de facilitateur «Nous avons visé des lieux d'entraînement, des dépôts d'essence et des centres de commandement. Les terroristes gardent encore aujourd'hui le contrôle de Gao, Tombouctou et Kidal», a-t-il indiqué, estimant le nombre des terroristes sévissant au Mali à 2500. «On les estime à 2500 combattants aguerris, très combatifs, fanatiques et prêts à mourir pour leurs idéaux. Ils ont déjà subi des pertes conséquentes qui se chiffrent par dizaines», a soutenu le ministre français de la Défense. Ce dernier invite en outre l'Algérie à «jouer» un rôle politique de facilitateur auprès des Touaregs, une fois l'intégralité du Mali reconstituée.