La coalition franco-malienne s'attelait hier à déminer et évacuer les armes et munitions abandonnées par les islamistes dans les villes récemment reprises. Sur le terrain, les forces françaises consolident également leur «dispositif d'interdiction» tout en surveillant et protégeant l'aéroport de la ville de Sévaré «pour prévenir toute offensive des islamistes armés en direction du sud du pays», a indiqué hier le ministre français de la Défense, ajoutant que les frappes aériennes sur des sites tenus par les islamistes se poursuivent à raison d'une dizaine de sorties d'avions de combat par jour. En outre, il a été rapporté que la France s'est attaquée directement à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), le plus important des trois groupes islamistes armés qui occupent le nord du Mali, en frappant plusieurs cibles, dont «un centre de commandement des terroristes» près de Tombouctou, selon des sources concordantes françaises. Le palais que l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi s'était fait construire à Tombouctou, utilisé par les islamistes, a été détruit par ces frappes, selon des habitants et une source de sécurité malienne. Des exactions auraient été commises, selon la Fidh Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a salué l'intervention «courageuse» de la France au Mali mais a réitéré ses craintes concernant l'impact de l'opération sur les civils et les droits de l'homme. La France a assuré prendre très au sérieux les risques d'exactions qui pourraient être perpétrées pendant les opérations militaires en cours au Mali, tout en indiquant ne disposer «d'aucun indice» confirmant de telles pratiques. Pour sa part, la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) a fait savoir, hier, qu'elle était «fortement préoccupée par la multiplication des exécutions sommaires et autres violations des droits humains visant les communautés touareg et arabes commises par des soldats maliens, et appelle à la mise en place immédiate d'une commission d'enquête indépendante afin d'établir l'ampleur des faits et sanctionner les auteurs». Dans un communiqué, elle a indiqué avoir pu établir «qu'une série d'exécutions sommaires a été perpétrée par des éléments des forces armées maliennes à partir du jeudi 10 janvier 2013, particulièrement à Sévaré, Mopti, Nioro et d'autres localités situées dans les zones d'affrontements». Des informations dont les médias font régulièrement état alors que mardi, lors du sommet ouest-africain sur le Mali à Abidjan, le chef d'état-major de l'armée malienne avait promis que «tout soldat qui commettra des exactions contre des populations civiles sera immédiatement ramené du terrain et jugé par un tribunal militaire». Une intervention qui ne fait pas l'unanimité Rompant avec la quasi-unanimité de la communauté internationale, et alors qu'il est attendu dans la capitale française début février où il doit se rendre en visite officielle, le président égyptien Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, a estimé que l'intervention au Mali était «de nature à alimenter le conflit dans la région», ajoutant que «toute intervention doit être pacifique et comprendre une aide financière au développement». Mahmoud Dicko, président du Haut-Conseil islamique du Mali, principale organisation islamique, a estimé pour sa part que l'intervention de la France n'était «pas une agression contre l'islam». En outre, le Japon a décidé de fermer son ambassade à Bamako.