L'attaque terroriste ayant ciblé la base de vie de Tiguentourine, à In Amenas, serait à l'origine d'un vaste changement que les pouvoirs publics comptent opérer dans le système d'évaluation sécuritaire concernant non seulement les complexes gaziers et pétroliers mais également le recrutement dans des secteurs qualifiés de stratégiques, apprenons-nous de source crédible. L'un de ces changements se rapportera aux enquêtes d'habilitation menées par les services de sécurité avant tout recrutement dans un poste qualifié de stratégique ou nomination dans un poste du même qualificatif, ajoute la source. Souvent, les enquêtes de ce genre ne sont pas prises en considération par les pouvoirs publics, explique la source, qui ajoute que l'attaque de la base de vie Sonatrach-British Petroleum-Statoil pourrait être liée au fait que ces enquêtes ne soient que rarement prises en compte. Les enquêtes d'habilitation faites par le département du renseignement et de la sécurité (DRS), la Gendarmerie nationale et la Direction générale de la sûreté nationale consistent en le recueil d'un maximum de renseignements sur la personne devant être recrutée dans un site stratégique ou nommée dans un poste stratégique, avec élaboration d'un rapport en faveur ou en défaveur de cette démarche. Le rapport est adressé aux pouvoirs publics qui décident des suites à donner sans être contraints de prendre en considération le contenu du rapport. Dans de nombreux cas, des personnes ont été recrutées dans des sites stratégiques et d'autres désignées dans des postes non moins stratégiques, malgré l'avis défavorable des services de sécurité, note la source, qui ajoute que l'attentat terroriste d'In Amenas a donné à réfléchir aux pouvoirs publics, «devenus plus conscients quant à l'importance des enquêtes d'habilitation». «La question a été discutée à un haut niveau au lendemain de l'attentat», selon cette source. Pour rappel, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal a, lors du point de presse qu'il a animé autour de la prise d'otages de la base de vie de Tiguentourine, annoncé que «les terroristes avaient un plan détaillé de la base et de l'usine», et que «les premiers éléments de l'enquête ont montré qu'il y a eu complicité et que c'est «un ancien chauffeur de British Petroleum, un Nigérien dénommé Zayad, qui aurait remis des informations sur le site qu'il connaît très bien pour y avoir travaillé pendant longtemps». Les enquêtes d'habilitation étaient mieux prises en considération au cours des années 1990 avec la menace terroriste. On s'en souvient, l'ex-FIS avait appelé ses militants à s'engager dans l'armée et les institutions sécuritaires, «comme ça on pourrait faire appel à vous quand on aura besoin de vos services», leur a expliqué le parti dissous de Abassi Madani. Les enquêtes d'habilitation s'intéressent en particulier à l'aspect sécuritaire, c'est-à-dire enquêter pour savoir si la personne objet des investigations n'a pas d'antécédents terroristes ou de liens avec une organisation terroriste.