L'Union des associations des commerçants et artisans d'Oran (UACAO), qui avait décrété jeudi journée sans pain, a réussi son pari, puisque son mot d'ordre de grève a été largement suivi par les boulangers dans plusieurs wilayas de l'Ouest. Ces derniers, qui avaient débrayé, ont observé au cours de la même journée un sit-in devant le siège de la wilaya d'Oran, pour dénoncer l'absence de dialogue avec les pouvoirs publics et le mépris affiché à leur égard par les responsables du secteur du commerce dans la wilaya. «Vous avez vu, même en tentant de chahuter notre action, l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) n'a pas réussi son entreprise car elle est devenue depuis longtemps un simple appareil et une coquille vide n'ayant aucun impact sur la base», affirment des responsables de l'UACAO qui annoncent avec fierté un taux de suivi de près de 95%. Jeudi, les rares boulangers ouverts ont été pris d'assaut par des clients venus de toutes les régions de la wilaya. Ces derniers ont déclaré qu'ils avaient été pris de court par le communiqué de l'UGCAA qui avait annoncé que la grève était illégale et qu'elle exposait tous ceux qui seraient tentés de l'observer à des sanctions. «Je croyais sincèrement que le pain serait disponible après le communiqué de l'UGCAA, mais là, je constate que la majorité des boulangers ont baissé rideau. Ils nous ont induits en erreur et leur appel aux boulangers n'a pas été suivi d'effet», indiquent plusieurs citoyens qui ont affirmé que les rares boulangers ouverts jeudi ont rationné les ventes pour servir le maximum de clients. Les responsables de l'UACAO affirment que l'action de jeudi est le prélude à une série d'actions. «Nous allons attendre maintenant une réaction des pouvoirs publics. Nous avons émis une série de propositions, parmi lesquelles une revalorisation du prix de la baguette de 250 gr ou encore le maintien du niveau actuel avec une réduction à 200 gr du poids de la baguette. La profession est fortement menacée par les charges d'exploitation et son avenir est incertain. Notre action est motivée par la volonté de la préserver. Près de 1000 boulangeries ont baissé rideau dans la région ouest et plusieurs autres sont menacées de fermeture, et ça ne peut pas durer. L'UGCAA vient de recevoir un camouflet car au lieu de se ranger de notre côté pour tenter de trouver une solution, elle s'est démarquée en rendant un communiqué qui fait de nous des hors-la-loi. Nous n'avons fait aucun mal. Nous avons prôné le dialogue et la réponse des pouvoirs publics était le mépris. Le ministre du Commerce avait, mercredi, annoncé que le prix du pain n'allait pas augmenter. Oui, nous sommes d'accord mais qu'il nous offre un moyen pour combler notre déficit», affirment nos interlocuteurs qui soutiennent qu'ils sont prêts à revenir à la charge pour organiser d'autres grèves et adopter d'autres moyens de protestation.