Y a-t-il eu grève sauvage des boulangers à Oran ou sinon qu'est-ce qui explique la fermeture de plusieurs boulangeries depuis dimanche ? C'est la question que se sont posée de nombreux citoyens qui ont constaté que le pain qui était disponible et en quantité durant les deux jours de la fête de l'Aïd a subitement disparu des étals. A Arzew, des habitants ont affirmé avoir payé la baguette de pain 25 DA. «Et encore, c'était du pain de la veille. Qu'est-ce qui se passe, les boulangers ont-ils mis à exécution leur menace de grève pour revendiquer une augmentation du prix de la baguette ?» dira un habitant de cette localité pétrolière. Des boulangers que nous avons approchés, qui reconnaissent l'existence d'un préavis de grève, affirmant que les boulangeries qui avaient observé la permanence de l'Aïd ont baissé rideau depuis. «C'est normal, ils ont pris quelques jours de repos après avoir ouvert durant l'Aïd», dira un boulanger. Un autre ne manquera pas de dire que certains boulangers ont répondu à un appel au débrayage de leur association lancé depuis près d'un mois. «Le préavis indiquait qu'un arrêt de travail sera observé après l'Aïd et aucun autre document n'est venu annuler le communiqué que nous avions reçu», fera remarquer notre interlocuteur. Contacté, le coordonateur régional de l'Union générale des commerçants et artisans (UGCAA) dira que si grève il y a, elle est contraire à la réglementation en vigueur. «La pénurie de pain constatée ces deux derniers jours n'est pas le résultat d'une grève des boulangers. Certes, la corporation a émis un certain nombre de revendications pour améliorer ses conditions d'activité, et ces revendications font l'objet d'un dialogue qui n'a pas été rompu à ma connaissance.» Parmi les revendications des boulangers, estiment des sources, ne figure pas l'augmentation du prix de la baguette de pain. «Les boulangers ont demandé d'étendre le soutien des prix aux charges d'exploitation à certains intrants. Nous avons exigé le maintien du prix actuel à 8,50 DA, mais en contrepartie à soutenir les charges d'exploitation. Nous payons des factures salées d'électricité et d'eau et les prix de la levure, du sucre et des autres intrants ne sont pas soutenus. Il faut améliorer nos conditions de travail. Plus de 200 boulangers ont mis la clé sous le paillasson ces dernières années à Oran, ça ne peut plus durer. C'est une profession dont l'avenir reste incertain», affirment des boulangers qui ne manqueront pas d'appeler les citoyens à dénoncer ceux qui vendent le pain à 10 DA. «Le prix est plafonné à 8,50 DA, exiger plus est contraire aux clauses de l'accord conclu avec les pouvoirs publics sous l'égide de l'UGCAA», soutiennent-ils. Sur un autre plan, le coordonnateur régional de l'UGCAA a annoncé qu'un nouveau texte de loi, fixant les conditions d'exercice de la profession sera rendu public la semaine prochaine. «Ce sera un texte réglementaire qui fixera les droits et les obligations des boulangers qui seront tous contraints de s'y soumettre», dira-t-il.