Le Front Polisario, reconnu comme le seul représentant légitime du peuple sahraoui, est enclin à des "négociations directes" avec le Maroc, pourvu que ce dernier "n'impose pas son préalable de projet autonomiste" avant tous pourparlers, a affirmé la ministre sahraouie de la Culture, Khadidja Hamdi. "La prochaine tournée européenne de l'Envoyé personnel du secrétaire général de l'Onu pour le Sahara occidental pourrait aider à l'ouverture de négociations directes entre le Front Polisario et le Maroc", a-t-elle déclaré à l'APS, en marge d'une rencontre du Réseau des élus français d'origine africaine solidaires de la cause sahraouie, tenue jeudi soir à Paris. La ministre sahraouie a affirmé "ne pas comprendre personnellement" la différence entre les négociations directes et indirectes entre les deux parties. "Ces dernières sont bel et bien à la table des négociations (…) et il est temps que des négociations directes soient entamées en prenant également en considération le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination", a-t-elle précisé. Tout en affirmant que le conflit au Sahara occidental "n'a que trop duré" et que le Statu quo ne profitait à aucun des protagonistes, la ministre sahraouie a qualifié la prochaine tournée européenne de Christopher Ross de "pas très important pour faire avancer le dossier", rappelant que l'émissaire onusien a déjà fait montre d'une volonté à parvenir à une solution "juste et équitable" au conflit. Elle a dit regretter que ce dernier cas de décolonisation en Afrique ait "trop duré" et "créé une déchirure au sein du Grand Maghreb arabe". "Personne ne profite de ce conflit, ni les Marocains, ni les Sahraouis, ni même les autres peuples de la région», a dit la ministre, estimant que la prochaine tournée de M. Ross en Europe va renforcer sa quête d'une solution équitable au conflit et lui permettra de "débusquer" la partie qui l'empêche d'y parvenir. A l'approche de la réunion du Conseil de sécurité, prévue fin avril, pour trancher la question de la Minurso, l'Envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental a repris son bâton de pèlerin pour faire avancer les choses dans ce dernier dossier de décolonisation en Afrique. Il doit, pour ce faire, se rendre successivement en France, en Espagne, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Suisse. Ces consultations dureront jusqu'au 15 février prochain en vue d'un nouveau round de négociations entre les parties au conflit (Front Polisario-Maroc) et les pays voisins, prévu pour mars. Avant son périple européen, M. Ross avait effectué, du 27 octobre au 15 novembre 2012, une tournée dans les pays de la région (Maroc-Sahara Occidental-Algérie-Mauritanie), et présenté le 29 novembre son compte-rendu au Conseil de sécurité, dans lequel il a souligné que la situation dans les territoires occupés du Sahara occidental "demeurait très préoccupante et devrait rester dans le radar de la communauté internationale". Pas moins de quatre rounds de négociations officiels et neuf autres informels ont eu lieu entre le Maroc et la Front Polisario, sous les auspices de l'Onu et en présence de pays observateurs, sans que les deux parties ne parviennent à une solution. Le Sahara occidental, occupé par le Maroc depuis 1975, est la dernière colonie en Afrique. Il est inscrit depuis 1965 sur la liste des 16 territoires non autonomes tenue par le Comité de décolonisation et, donc, éligible à l'application de la résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'Onu portant Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux.