Il est dit dans le Coran sacré que «tout musulman a pour devoir de défendre l'Islam». Pour défendre notre religion sacrée, les Oulémas, les vrais, insistent sur le sens profond de ce message : la sagesse et l'exemplarité dans le comportement du croyant, le sens de l´équilibre, de la mesure, de l´esprit de tolérance et sur la foi par la conviction. Jamais sur l´instrument de la contrainte et encore moins sur l´usage de la violence ! Cette image du musulman, la plus fidèle à l´esprit de l´Islam, a existé en son temps. Elle a contribué à l´avènement de l´âge d´or de l´Islam qui a apporté à l´humanité une haute conception de la morale, de la vie en communauté. Or, ce message profond est-il celui que l´on transmet, aujourd´hui, dans le monde islamique où la plupart des prêches sont de plus en plus enflammés, font dans la surenchère et appellent à la vengeance aveugle, à la haine de l´autre, au «djihad» contre les musulmans et les non-musulmans ? Quel regard un monde contemporain soumis aux clichés et aux stéréotypes de la société occidentale peut-il dès lors jeter sur l´Islam et les musulmans? Quel regard les musulmans, décriés à travers le monde, jettent-ils sur eux-mêmes ? Le sentiment légitime d´injustice Pour comprendre ces préjugés qui pèsent sur notre religion, il faut d´abord situer leurs origines et leurs conséquences qui se traduisent par des dérives extrémistes. Le fanatisme religieux ne trouve sa justification ni dans le Coran ni dans la Sunna, mais dans le sentiment d´injustice historique ressenti par les peuples musulmans. Les guerres coloniales sont, globalement, à la source de la montée du radicalisme religieux. lI y a eu le génocide colonial en Algérie à partir de 1830, suivi du scandaleux partage de la Palestine, en 1947, une injustice historique qui ne trouve pas réparation, encore à ce jour, en raison du soutien ou de la complaisance dont jouit Israël en Occident. En plus, les puissances occidentales ont su mettre en place des régimes impopulaires aux ordres dans le monde arabe, pour contenir ce sentiment de frustration et de révolte qui hante y compris les esprits les plus modérés. C´est dans cette source que le fondamentalisme va trouver les arguments essentiels pour légitimer plus tard son «djihad», en Afghanistan, en Irak ou en Somalie. Un «djihad» de «l'Islam contre l´Occident» et contre les régimes qui lui sont inféodés. Entre cette conception, entretenue en Occident, et le dérapage terroriste, la ligne est droite.
Depuis la fetwa de Khomeiny Les médias qui font du mouvement Hamas une «organisation terroriste» et d´Israël une «démocratie exemplaire assiégée» et même les artistes du «monde libre», vont s´impliquer profondément dans cette «guerre sainte» globale, à coup d´images puisées dans le terroir du terrorisme barbare. Particulièrement vicieuse, la propagande occidentale a fait mouche. Il sera plus facile dès lors de fabriquer des Mohamed Merah et des adeptes d´Oussama Ben Laden, de promouvoir l´image de l´assassin d´enfants juifs à Toulouse et du «monstre des tours jumelles», le premier pourtant bien connu des services français et le second, c´est connu, qui fut une pure création de la CIA durant l´invasion de l´Afghanistan par l´Armée rouge. D'«illustres» guides spirituels vont faire le jeu des services secrets occidentaux chargés de «soigner» l´image de l´Islam dans le monde. La fameuse fatwa prononcée par l´imam Khomeiny contre Salman Rushdie, l´écrivain-agent de la CIA, pour son livre les Versets sataniques, fera école. Un symbole de la lutte contre «l'intolérance» des musulmans. Le mollah iranien aura réussi l´exploit de tomber en plein dans le piège occidental. L´objectif des Etats-Unis, qui étaient en train d´en finir avec le communisme, était de mobiliser le monde libre contre le nouvel ennemi, l´islamisme. Ce décret religieux inspirera journalistes et artistes en mal de notoriété, auteurs d´articles, de caricatures et de films les plus blasphématoires les uns que les autres contre le Prophète Mohamed et l´Islam. La provocation la plus insidieuse ! L´Islam innocent du terrorisme Le décret khomeyniste est sans doute l´un des premiers actes qui aura fait le plus de tort à l´image de l´Islam dans le monde. Ses fameux prêches hebdomadaires vont inspirer par la suite Belhadj et les imams salafistes qui légitimeront, dans les années 1990, au nom du djihad contre leurs propres frères, les assassinats de journalistes, d'enseignants, de policiers et de femmes non voilées. Abassi Madani, qui louait l´action du FIS par le nombre (plutôt insignifiant) des étrangers qui se convertissent à l´Islam, eut droit à cette réplique d'un journaliste : «L´usage de la force de votre parti et l´extrémisme de vos militants est de nature à faire perdre la foi à bien des musulmans.» En 2010, des chiffres non officiels font état de dizaines de milliers de jeunes qui sont allés chercher leur foi ailleurs. Une réalité effrayante à mettre sur le bilan de l´action contreproductive du fondamentalisme violent. Voilà la grande menace qui pèse aujourd´hui sur l´Islam, encore plus gravement que l´acte de terrorisme en soi. Les sages docteurs en sciences islamiques plaident «l'innocence de l´Islam des actes de terrorisme». Ou, comme disait le président Bouteflika, en 2003 à Bruxelles, «l´Islam est innocent du terrorisme comme le christianisme ne saurait être comptable du nazisme». Les arguments sont de poids, mais le travail est décliquant maintenant que le mal est fait. Le grand préjudice contre l´Islam, il ne faut pas le voir seulement dans la destruction des mausolées de Tombouctou par les fanatiques d´Ançar Eddine qui n´ont pas hésité à couper la main du petit voleur ou de fouetter au sang un petit couple de Maliens uni hors mariage. Les dirigeants d´Ançar Eddine et leurs amis d´Aqmi et du Mujao avaient, pourtant, de beaux exemples d´atteinte à la morale islamique au pays du wahhabisme. Là où ils ont reçu des fonds généreux pour financer leur «djihad» dans le Nord du Mali. En voici quelques exemples qui relèvent du «fait divers» dans le monde sacré des harems.
Crimes et faits du prince Le comportement immoral et scandaleux de nombreux cheikhs des monarchies féodales du Golfe continue de faire les beaux jours de la presse à sensation. L´un des membres les plus influents de la famille royale saoudienne avait misé, en 1994, en plein choc pétrolier, plusieurs millions de pétrodollars sur un numéro dans un casino en France avant de quitter la table sans même attendre le résultat de sa mise. Des «faits divers» qui relèvent du crime contre l´enfance sont couverts par la justice de ces bailleurs de fonds qui financent le «respect des droits universels» au Maghreb et au Sahel. Des fillettes de moins de dix ans ont été achetées en Inde par des émirs pour enrichir leurs harems. Une enfant asiatique du même âge est violée par un prince saoudien. La justice prononce le non-lieu dans ces affaires de crime d´un autre âge. Un mannequin espagnol drogué et violé à Malaga par un milliardaire saoudien, ami de la monarchie espagnole, gagnera son procès sans même avoir été mis en examen. Mains coupées au Sahel, enfants violées dans les harems du Golfe, financement du «djihad» qui ne fait pas de quartiers, appels aux meurtres des dirigeants arabes lâchés par leurs alliés occidentaux, comportement immoral et scandaleux des émirs, la propagande anti-Islam a de quoi s´alimenter pour vendre la plus sombre image des musulmans et amalgamer Islam et terrorisme.