Le film de l'agent immobilier américain Sam Bacile, escroc notoire aux Etats-Unis, n'est pas une simple œuvre cinématographique, innocente, dont le contenu a pu choquer une communauté religieuse, ni encore moins un acte de provocation isolé contre l'Islam. Il s'agit, comme dirait Mourad Medelci, d'une «initiative, une de plus» qui entre dans une stratégie de provocation du monde musulman qui dure depuis plusieurs années déjà. Certes, il est évident qu'un nombre incalculable de réalisateurs ont à un moment ou à un autre de leur carrière été trop loin dans la critique, dans la violence des images et dans l'arbitraire du discours qu'ils ont voulu véhiculer, franchissant parfois les limites qu'impose l'éthique du septième art. Dans le cas présent, nous sommes plutôt en face d'un «complot», le mot est pesé, contre l'Islam et le peuple musulman. Les objectifs de ce film le démontrent. La conjoncture politique sur fond de «Printemps arabe» en explique les objectifs. Ouvrons d'abord cette parenthèse. Les actes de violence contre les missions diplomatiques américaines en réaction à la projection de ce film sont condamnables et rien ne justifie la prise d'assaut violente du consulat américain de Benghazi qui ne peut être considéré comme un acte de légitime défense des musulmans. Les commanditaires de l'assassinat de l'ambassadeur Chris Stevens et des trois autres fonctionnaires américains auront porté un grave préjudice à l'Islam qu'ils prétendent défendre. Dans son prêche, vendredi dernier, l'Imam d'une mosquée d'un quartier d'Alger s'est justement demandé si les musulmans ont réellement donné au monde la meilleure image de notre religion sacrée. Inutile de rentrer dans les détails, le terrorisme fondamentaliste est, sans doute, le phénomène qui aura porté le plus de préjudice à l'Islam et aux musulmans à l'étranger. Constat douloureux, aujourd'hui en Occident, notre religion sacrée est amalgamée avec l'idéologie des salafistes qui se livrent à des massacres en règle déjà de leurs propres frères en Afghanistan, au Sahel et au Maghreb. Dans ce terroir, fait de comportements de ces fanatiques islamistes, que la nouvelle idéologie occidentale, l'islamophobie, est en train de puiser ses meilleurs arguments, ses clichés et ses stéréotypes porteurs et réducteurs du contenu réel de l'Islam. Dès lors, la voie est ouverte à toutes les dérives anti-Islam sur fond d'œuvres d'art et de caricatures de presse. Le tout au nom de la liberté d'expression, principe sacré dans le monde occidental où, en revanche, les «artistes» osent très rarement franchir les limites des valeurs judéo-chrétiennes. Le film de Sam Bacile n'est, répétons-le, ni un acte isolé, ni une simple dérive de langage cinématographique. Ce cinéaste, un juif israélien de nationalité américaine, pour tout dire, a fait un travail de propagande au service d'Israël. Il reconnaît avoir agi pour le compte du tout puissant lobby sioniste qui a financé son film, l'AIPAC, en centrant son agression sur l'image sacrée du Prophète Mohamed (QSSSL) faisant consciemment dans le blasphème contre l'Islam. Ce film, à la manière des caricatures danoises, a donc ciblé ce qu'il y a de plus sacré chez les musulmans. La conjoncture politique internationale caractérisée par les tensions et les guerres civiles dans le monde arabe se prête, parfaitement, à l'exercice de l'idéologie sioniste. Ce climat de confusion sert parfaitement les intérêts d'Israël pour lequel le «Printemps arabe» est une aubaine. Un scénario qui donne à l'Etat hébreu et à son allié américain le confortable rôle de victime face à la «frénésie» des masses musulmanes. Le «Printemps arabe» qui a mis en ruine, à feu et à sang la Libye et la Syrie a été programmé pour redessiner la carte «sécuritaire» de l'Etat hébreu. Cette stratégie d'inspiration islamophobe est en train de dérouler le tapis rouge sous les pieds d'Al Qaïda afin de faire définitivement l'impasse sur la création de l'Etat de Palestine et la restitution du Golan à la Syrie ! Les arabes seraient avisés de ne pas tomber dans ce piège.