Un hommage particulier a été rendu dimanche à Alger à trois condamnés à mort Fernand Iveton, Mohamed Lakhenache et Mohamed Ouennouri, guillotinés le 11 février 1957 en pleine guerre de libération nationale. Une cérémonie été organisée à cet effet par l'Association nationale des anciens condamnés à mort 1954-1962 à laquelle ont pris part d'anciens moudjahidine et condamnés à mort durant cette période. Le président de cette association, M. Mostefa Boudina, a indiqué que les trois militants algériens ont été guillotinés "le même jour, à la même heure, par le même bourreau, la même guillotine, le même ennemi et pour la même cause". Il a précisé qu'"exactement à 4h45 dans l'enceinte de la Maison d'arrêt d'Alger les militants de la cause algérienne Iveton (31 ans), Lakhenache (26 ans) et Ouennouri (30 ans) avaient été exécutés parce qu'ils croyaient en l'indépendance de l'Algérie". Iveton, qui faisait parti du groupe du Champ de Manœuvre (actuellement place du 1er Mai) comprenant M'Hamed Hachellaf, Boualem Makhlouf et Félix Collizi, avait été arrêté par les forces de sécurité françaises le 14 novembre 1956 après avoir déposé une bombe au niveau de l'usine de gaz (EGA) d'El Hamma à Alger où il travaillait. Approché par l'APS, Félix Collizi (83 ans) a confié que ses compagnons d'armes Iveton et Makhlouf ainsi que lui même avaient été arrêtés le même jour, rappelant que la bombe avait été découverte, avant qu'elle n'explose, par le contremaître de l'usine qui soupçonnait Iveton. Collizi a indiqué que la bombe avait été déposée dans un local désaffecté de l'usine et réglée pour exploser en dehors des heures de travail. "Malgré cela, Iveton a été condamné à mort alors que nous, ses complices, Hachellaf (arrêté en juin 1957), Makhlouf et moi même, avons été inculpés pour incendie volontaire", a-t-il témoigné. Pour Collizi, Iveton avait été guillotiné par le pouvoir colonial "pour servir d'exemple", 75 jours seulement après sa condamnation, rappelant que François Mitterrand, alors garde des sceaux avait refusé de le gracier. Iveton, qui vivait à Clos Salembier, était l'ami d'Henri Maillot et avait milité au sein du Parti communiste algérien. "Iveton était profondément humaniste et savait ce qu'il voulait", a confié de son côté son ancien compagnon, Taher El Hocine, qui rappela qu'Iveton fut l'un des rares européens à se joindre à la grève générale qui éclata le 5 juillet 1956 marquant le 126ème anniversaire du débarquement des troupes françaises à Sidi Ferruch. Dès le lendemain, 3000 Algériens furent licenciés. La cérémonie de recueillement a été l'occasion de rendre un vibrant hommage à Mohamed Lakhenache (né à Biskra), condamné à mort pour sa participation à une opération armée qui a fait un blessé le 7 novembre 1956 au niveau de la rue Eugène Robes(Alger). L'ex-place Jean Mermoz porte actuellement son nom à côté du lycée Emir Abdelkader (Bab El Oued). Un hommage a été également rendu à Mohamed Ouennouri (né à Béjaïa) qui a été arrêté le 20 juin 1956 puis guillotiné pour une attaque armée contre des policiers à Alger.