Le Conseil de sécurité a tenu mardi un débat sur la protection des civils dans les zones de conflit armé, relevant que cette obligation n'incombe pas seulement aux parties au conflit mais à l'ensemble de la communauté internationale tout en appelant à résoudre la question de la circulation des armes. Lors de son intervention, le Secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon, a rappelé que quatre (4) millions de personnes avaient un besoin urgent d'assistance humanitaire, que deux (2) millions avaient dû fuir leur foyer et que la violence sexuelle représentait une menace constante. Il s'est tout particulièrement inquiété de la gravité de la situation en Syrie, avant de citer une dizaine de pays, dont le Mali, dans lesquels les civils continuent de souffrir parce que les parties concernées ne font pas face à leurs responsabilités et obligations. ‘'Nous avons tous la responsabilité de protéger'', a tranché le Secrétaire général, et notant que la violence est encouragée par la circulation des armes, il a jugé urgent de parvenir à un accord robuste et global sur le commerce des armes qui tienne compte des conséquences humanitaires d'un commerce mal réglementé. Appelant toutes les parties aux conflits à éviter d'utiliser des explosifs dans des zones à forte densité de population, le chef de l'ONU a estimé que le Conseil doit aussi souligner la responsabilité première des Etats de protéger les civils en l'appelant à être le chef de file en la matière et à s'assurer que les auteurs de violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire soient comptables de leurs actes. M. Ban Ki-moon a rappelé qu'en mars prochain, la Commission de la condition de la femme aura pour thème ‘'Mettre fin à la violence contre les femmes'', y compris dans la situation de conflits. Pour sa part, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Mme Navy Pillay, a présenté quatre domaines où des progrès peuvent être accomplis citant notamment la collecte rapide d'informations sur les violations des droits de l'homme pour faciliter le consensus au sein de l'ONU, et la mobilisation par cette dernière d'outils variés pour les interventions sur le terrain, ainsi que la mobilisation rapide d'un consensus politique parmi les pays. Le représentant de la Croix-Rouge (CICR), Philipp Spoerri, a centré son intervention sur trois points à savoir, les menaces à l'accès des blessés et des malades aux soins de santé, la circulation et l'utilisation des armes, et le non-respect par les Etats et les groupes armés non étatiques du droit international humanitaire. Selon lui, plus de 80% des 900 incidents enregistrés dans 22 pays en 2012 touchent le personnel local de santé, tout en s'alarmant d'une autre tendance qui est le départ massif des agents de santé face aux attaques, aux menaces et à l'insécurité généralisée. Passant à la question de la circulation et de l'utilisation des armes, il a appelé à un traité ‘'fort et efficace'' sur le commerce des armes. De son côté, la représentante américaine, Mme Susan Rice, a dit que la protection des civils était une fonction essentielle du Conseil de sécurité. Observant que l'action nationale ne suffit pas, elle a estimé qu'il faudrait une action internationale pour s'assurer qu'aucun Etat ne s'attaque à ses civils. Elle s'est félicitée des nouveaux mécanismes en matière de protection des civils, en saluant la mise en place par la Mission de maintien de la paix au Soudan du Sud d'un système d'alerte rapide qui permet une meilleure protection des populations rurales. Outre une bonne compréhension de la zone, les Casques bleus ont besoin d'une excellente formation en matière de protection des civils, a-t-elle insisté. Selon elle, si certains pays n'ont pas les moyens ou la volonté de protéger leurs civils, le Conseil de sécurité doit continuer à les engager à s'acquitter de leurs responsabilités. Intervenant lors de ce débat, Mme Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires étrangères du Rwanda, a déclaré que son pays où un génocide a coûté la vie à un million de civils, avait une obligation morale de participer aussi énergiquement que possible à des activités telles que les opérations de maintien de la paix qui permettent de protéger les civils en situation de conflit. L'évidence que des progrès sont possibles en matière de protection des civils ‘'doit nous encourager à redoubler d'efforts'', a insisté la ministre avant de rappeler les dangers auxquels font face les civils actuellement en Syrie, au Soudan du Sud, au Soudan, au Mali et en République démocratique du Congo (RDC).