En recevant, vendredi au siège de l'ONU, la délégation sahraouie conduite par le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, M. Ban Ki-moon s'est déclaré «préoccupé et inquiet» des violations des droits de l'homme perpétrées à l'encontre des militants et de la population sahraouie au Maroc et en territoire occupé. Il était temps que le secrétaire général de l'ONU élève la voix pour exprimer sa désapprobation que dénoncent faits et preuves à l'appui de nombreuses organisations humanitaires, dont certaines dépendantes de l'institution onusienne qu'il dirige. Ce qui n'est pas pour autant suffisant de sa part, d'abord eu égard à ce qui se passe au Sahara Occidental en terme de violence et de répression qui se sont abattues sur le peuple sahraoui. Et d'autre part parce que l'ONU a une responsabilité directe concernant la protection et la sauvegarde de ce peuple. Responsabilité qui découle de son engagement à lui garantir l'exercice du droit à l'autodétermination, base sur laquelle elle a obtenu en 1990 que le Polisario, son représentant politique légitime, accepte d'observer la trêve armée avec l'occupant marocain et l'ouverture de négociations de paix avec celui-ci sous l'égide onusienne. Or si l'ONU s'en tient au principe du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, elle n'a rien fait qui empêcherait l'occupant marocain de recourir à la répression et à la violation des droits de l'homme pour tenter d'obliger le peuple sahraoui à renoncer à ce principe. C'est ce que le président Mohamed Abdelaziz s'est chargé de faire savoir à Ban Ki-moon. Son intervention se situe à quelques jours du vote par le Conseil de sécurité d'une résolution pour prolonger le mandat de la Mission des Nations unies au Sahara Occidental (Minurso). Par cette démarche, le président sahraoui veut que l'ONU mette fin au simple rôle d'observateur dont a été investie cette Minurso. Il est en effet temps qu'elle soit également impliquée dans la protection du peuple sahraoui contre la répression qui s'est abattue sur lui. Il est tout de même inacceptable que parce qu'elle n'a pas mandat pour cela, cette mission onusienne entretienne la fiction d'une médiation onusienne que les autorités marocaines discréditent en violant les droits de l'homme sous ses yeux. Abdelaziz a tout à fait raison d'avoir rappelé au secrétaire général de l'ONU que son organisation a la responsabilité de protéger son peuple contre l'occupant marocain. Ce qu'elle peut faire en élargissant les prérogatives de la Minurso en la dotant d'un mécanisme de supervision des droits de l'homme. Et surtout qu'elle a celle de mettre un terme aux dérobades et diversions que multiplient les autorités marocaines pour tenter d'évacuer des négociations le principe d'autodétermination qui permettrait au peuple sahraoui de choisir librement entre l'indépendance et l'intégration au Royaume. A s'en tenir à la seule désapprobation, Ban Ki-moon et l'ONU enverraient le mauvais message à Rabat, qui est que la communauté internationale n'est pas fermement résolue dans le cas du Sahara Occidental à faire respecter ses engagements et ses obligations. Avec le risque que devant cette impasse, le Polisario, en communion avec son peuple, renonce à cette situation de fausse paix, en échange de laquelle la population sahraouie n'a obtenu que déchaînement de la répression et aggravation de ses conditions en terme de droits et de liberté.