Les islamistes d'Ennahdha ont appelé mercredi dernier à une grande manifestation «maliounia» aujourd'hui à Tunis pour soutenir leur «légitimité», alors que le Premier ministre Hamadi Jebali, pourtant issu du même parti, prépare un gouvernement de technocrates apolitique pour sortir de la crise politique très grave que vit la Tunisie. Les partisans de Rached Ghannouchi et de l'aile dure d'Ennahdha se doivent de défendre leur «révolution» et les intérêts du pays, lancent-ils dans plusieurs déclarations et vidéos diffusées sur les pages Facebook proches du mouvement. La marche vise, selon les initiateurs, à renforcer la légitimité et à réaliser les objectifs de la «révolution». A l'occasion, des bus sont réservés pour conduire les manifestants de l'intérieur du pays vers la capitale, et de l'argent sera distribué comme d'habitude aux troupes qui vont soutenir cette «maliounia» prévue de 13h30 à 16h00. Si les annonces de cette «maliounia» n'ont pas encore précisé son lieu d'une manière officielle, les pages Facebook proches des islamistes ont indiqué que le rassemblement aura lieu avenue Habib- Bourguiba, l'axe principal de Tunis. Ces dernières semaines, la Tunisie est plongée dans une profonde crise politique aggravée par l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd le 6 février au matin. En contrepartie, le Premier ministre Hamadi Jebali a procédé hier à ses dernières retouches avant l'annonce de son nouveau gouvernement de technocrates. Le Premier ministre devait procéder ainsi hier à d'ultimes consultations pour former un cabinet apolitique contre l'avis de son parti islamiste après avoir promis de partir en cas d'échec alors que le pays connaît sa plus grave crise depuis la révolution. Il devait recevoir à partir de 16h00, dans un palais de Carthage, dans la banlieue de Tunis, les dirigeants des partis pour leur présenter la composition de ce gouvernement sans personnalités politiques auquel il travaille depuis le 6 février, jour de l'assassinat retentissant de l'opposant Chokri Belaïd. M. Jebali a d'ores et déjà indiqué que s'il n'obtenait pas le soutien de la classe politique, il démissionnerait aujourd'hui, quatorze mois après son arrivée au pouvoir. Son propre parti Ennahda, le Congrès pour la république (CPR, laïque) du président Moncef Marzouki et deux autres petites formations politiques ont promis de s'y opposer, demandant un cabinet alliant politiques et technocrates.