Les proches de Reeva Steenkamp, le top-model abattu le 14 février par son petit ami Oscar Pistorius, lui ont rendu un dernier hommage digne et sobre dans sa ville de Port Elizabeth, préférant oublier un instant son meurtrier présumé qui comparaissait au même moment devant la justice sud-africaine. Interdite aux médias et aux curieux, la cérémonie s'est déroulée au crématorium de Victoria Park, un quartier tranquille de la ville du sud du pays où la jeune femme avait grandi. Le cercueil recouvert d'un drap et d'une composition de fleurs blanches est arrivé vers 10H00 (08H00 GMT) au crematorium, porté par six hommes. Le corps a été incinéré à l'issue de la cérémonie, qui n'a pas duré plus d'une heure. Une centaine de parents et d'amis étaient présents. Tandis que la trentaine de journalistes étaient tenus à l'écart, ils ont étreint les membres de la famille et présenté leurs condoléances avant le début de la cérémonie. Parmi eux, le joueur de rugby Francois Hougaard, à qui la presse sud-africaine a prêté une aventure avec Reeva il y a quelques mois, et dont Pistorius aurait pu être jaloux. Malgré le retentissement médiatique de l'affaire, aucun curieux n'est venu pointer son nez. Sur la couverture d'un programme simplement titré "Reeva" et comportant ses dates de naissance et de mort, on pouvait voir le portrait de la jeune femme, abattue de quatre balles de 9 mm à 29 ans au domicile de Pistorius aux premières heures de la Saint-Valentin. "Il y a un vide chez chacun des gens qu'elle connaissait, qui ne pourra jamais être comblé", a ensuite dit à la presse son frère Adam, qui venait de prononcer l'éloge funèbre. "Elle va nous manquer." "Nous sommes ici comme une famille, mais il a seulement une chose qui manque, Reeva", a renchéri son oncle Michael Steenkamp, avant de s'effondrer en sanglots. "C'était un ange", a relevé pour sa part Ravin Venter, un ex-jockey qui avait travaillé avec son père, entraîneur de chevaux de course. Selon M. Venter, rien n'indiquait que Reeva entretenait une relation conflictuelle avec Pistorius, le champion handisport qu'elle fréquentait depuis novembre. "J'ai demandé à son père, il m'a dit que non, qu'elle était très heureuse avec Oscar, qu'il n'y avait pas de problème. Mais peut-être qu'elle cachait quelque chose", a-t-il dit aux journalistes. Pistorius "est un danger pour la société. Il serait dangereux pour des témoins, il doit rester en prison, ils ne doivent pas le relâcher", a-t-il lancé ensuite. A la même heure, son meurtrier présumé était en train de comparaître devant un tribunal de Pretoria, où le procureur l'a accusé de meurtre avec préméditation, tandis que ses avocats plaidaient la thèse de l'accident. La famille n'a fait aucune allusion directe à Pistorius. Son oncle Michael a toutefois souligné que Reeva avait l'intention de se lancer dans le militantisme actif contre les abus dont sont victimes des femmes. Bongiwe Gamba, camarade d'école de Reeva, a préféré insister sur le sourire de la disparue, sa façon d'être proche des gens et sa chaleur humaine. "C'est maintenant que je suis là que je réalise vraiment qu'elle est partie", a-t-elle dit. Diplômée en droit, mannequin, présentatrice de télévision et tweeteuse chevronnée, Reeva Steenkamp avait été élue parmi "les 100 femmes les plus sexy du monde" par le magazine pour hommes FHM. Elle a aussi été l'héroïne d'une émission de télé-réalité très populaire, dont la chaîne publique SABC1 a diffusé le premier épisode samedi, deux jours après sa mort.