Toujours sans agrément après le refus «catégorique» de l'Intérieur, l'Association nationale de lutte contre la corruption (ANLC) appelle le président de la République à intervenir en sa qualité de premier magistrat du pays, pour l'ouverture officielle d'une enquête dans les affaires de corruption liées notamment à Sonatrach. Pour le président de cette association, Mustapha Atoui, qui s'exprimait hier dans une conférence de presse animée au siège de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH), «il faut agir, car la dénonciation ne suffit pas». Comment agir ? Pour le conférencier, le président de la République, doit instruire le ministre de la Justice à cet effet. Ce dernier, à son tour, doit saisir le procureur général pour l'ouverture officielle d'une enquête. Qualifiant l'affaire Sonatrach de «Khalifa bis», M. Atoui regrette toutefois que «la justice n'est pas indépendante» dans notre pays, même si la Constitution la présente comme telle. L'indépendance de la justice est, pour M. Atoui, une question fondamentale dans la lutte contre la corruption, comme est capital pour la presse, qui révèle nombre de scandales, l'accès aux sources de l'information. Dans ce genre d'affaires, M. Atoui, qui qualifie l'organe pour la lutte et la prévention de la corruption d'«illégal», appellera également les pouvoirs publics à constitutionnaliser le droit de tout citoyen de se constituer partie civile «comme en Egypte», d'autant que «l'article 61 de la Constitution parle du droit du citoyen à protéger la propriété publique». Le secrétaire général de l'association, Moumène Khelil, qui affirme que l'affaire Sonatrach est «dangereuse», trouve pour sa part étrange que ceux qui y sont impliqués et cités nommément par la presse, se murent dans le silence alors que sur le plan juridique, «il y a toujours présomption d'innocence». «Un mépris total envers les Algériens», juge-t-il. Pour le président de l'ANLC, l'affaire Sonatrach n'est que l'arbre qui cache la forêt. Il ne faut donc pas perdre de vue les autres affaires qui touchent quasiment tous les secteurs et qu'il faut dénoncer avant que les pouvoirs publics ne prennent les relais pour «instruire la justice». Dans ce sillage, le SG de l'ANLC pour qui «des gens sont en train de ruiner le pays», il faut dénoncer la corruption au niveau local également. Il parlera de l'idée de créer un site à cet effet pour «recueillir» toutes les dénonciations. C'est là l'un des objectifs de l'ANLC qui compte aussi s'investir dans la sensibilisation, notamment sur la portée des textes juridiques «qui ne sont pas du tout adéquats contrairement à ce que l'on avance». Une rencontre nationale est prévue pour le 16 mars à Annaba. Enfin sur le dossier d'agrément rejeté par l'Intérieur, l'association a saisi la justice «dans les délais prévus par la loi», et a également saisi le chef de l'Etat, le Premier ministre, le ministre de l'Intérieur et le DRS. «Nous demandons l'annulation de la décision de rejet», a dit le président de l'ANLC, qui compte le cas échéant saisir les instances internationales. Une décision, explique-t-il, «contraire à la Constitution, aux pactes internationaux et la loi portant lutte contre la corruption et celle relative aux associations».