La lutte contre la corruption n'est pas une priorité en Algérie en dépit des affirmations de ses dirigeants, ont estimé mardi des militants anti-corruption dont l'association n'a pas été agréée. "Les autorités nous ont refusé l'agrément", a indiqué Mustapha Atoui, président de cette Association Nationale de Lutte contre la Corruption (ANLC) lors d'un point de presse à Alger. "Le système ne veut pas d'une association indépendante", a lancé M. Atoui qui s'est vu notifier par courrier le refus d'activité de cette association. L'association a distribué à la presse une photocopie de la lettre de refus du ministère de l'Intérieur où il est précisé que cette organisation ne s'était pas conformée aux dispositions prévues par la loi, sans autre précision. "Depuis l'arrivée du président Bouteflika (Abdelaziz) en 1999, la lutte contre la corruption a été annoncée comme une priorité réitérée à chaque fois", a souligné . Atoui."La corruption est un problème de sécurité de l'Etat. Elle peut entraîner le pays à la ruine", a enchaîné Halim Fedal un autre membre du bureau. Les membres fondateurs de l'ANLC, qui est la première association à essuyer un refus depuis la promulgation en 2011 de la nouvelle loi sur les associations issue des réformes du président algérien dans la foulée du Printemps arabe, sont majoritairement des personnes qui avaient dénoncé la corruption à titre individuel. "Sous couvert d'une réforme politique que l'on a voulu vendre sur le plan international, on nous a serré la vis après la levée de l'Etat d'urgence" en février 2011 au bout de neuf ans d'imposition, a protesté Abdelmoumen Khelil, Secrétaire général de l'ANLC et militant des droits de l'Homme. L'ANLC a décidé de déposer plainte devant la justice internationale. En août, un rapport officiel de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH) avait déploré que la corruption soit très répandue en Algérie. L'Algérie a signé la convention des Nations Unies sur la corruption, introduite dans sa législation en 2000. Transparency international a placé en 2011 ce pays à la 112e place sur 183 pays classés du moins au plus corrompu.