Les étudiants de l'Ecole supérieure des Beaux-Arts d'Alger ont entamé hier un mouvement de grève de cinq jours pour «dénoncer la situation déplorable qu'ils vivent aussi bien sur le plan pédagogique qu'au niveau de leurs conditions de vie au sein de la résidence universitaire de Zéralda». Une élève, membre du comité des étudiants, nous a indiqué que face au refus du directeur de l'établissement ainsi que du ministre de l'Enseignement supérieur et celui de la Culture, de trouver des solutions, ils étaient contraints d'entamer des actions dont un arrêt de cours de cinq jours depuis hier à l'instar des élèves de l'Institut supérieur du métier des arts et du spectacle (Ismas) dont certains sont en grève de la faim. «Nous avons entamé notre mouvement le 24 février. Nous avons sollicité nos responsables afin d'établir un dialogue, mais, ils n'ont pas été coopératifs. Les étudiants dénoncent également les emplois du temps inadaptés au cursus de formation, l'absence de reconnaissance de l'équivalence du diplôme, l'absence de matériel pédagogique tel que les toiles, l'absence de stage de formation. Une marche de protestation envisagée «Nos doléances sont à la mesure du désarroi qui nous anime. Nous avons constaté que le niveau des étudiants se dégrade et qu'après le diplôme, il nous est difficile d'intégrer le marché du travail. Les étudiants en art se sentent lésés car notre tutelle se focalise sur l'organisation d'événements et néglige la formation des étudiants. A titre d'exemple, le budget de l'école représente 0,03% du budget global du ministère. En outre, il est plutôt paradoxal de fermer le seul institut qui forme les professionnels de l'audiovisuel alors que le président en personne avait appelé au renouveau de la dynamique culturelle dans le pays», a-t-elle affirmé, faisant allusion à la fermeture de l'Ismas décidé il y a quelques jours par la ministre de la Culture suite au mouvement de débrayage illimité des étudiants. En outre, cette élève nous a fait savoir que les meneurs du débrayage aux beaux-arts ont été menacés de poursuites judiciaires par leur tutelle pour un motif qui leur est pour le moment inconnu. Selon elle, les enseignants ne soutiennent pas le mouvement par peur des représailles mais ils sont conscients des difficultés auxquelles sont confrontés les étudiants au quotidien. Elle a ajouté que les étudiants avait reçu un soutien, et non des moindres, celui de la moudjahida Djamila Bouhired qui s'est indignée de l'absence de dialogue avec la jeune génération. Les étudiants songent à radicaliser leur mouvement si la ministre de la Culture persiste à leur opposer un refus quant à l'application de leurs doléances. «Nous pensons organiser une marche de protestation à travers la ville. Nous sommes en adéquation avec les discours du président et pour ce faire, nous recommandons la restructuration des écoles capables de former les professionnels du secteur, qui pourront bâtir de grandes réalisations pour notre pays. Nos slogans prônent la liberté d'expression et le droit à une éducation et une formation de qualité.» Par ailleurs, lors d'une réunion entre la direction et les grévistes, des solutions ont été avancées pour satisfaire les doléances des étudiants. Ces derniers se concerteront ce matin, lors d'une assemblée générale, sur la suite à donner à leur action à la lumière des propositions de la direction de cet établissement.