Les élèves de l'Ismas (Institut supérieur des métiers des arts, du spectacle et de l'audiovisuel) étaient, hier, à leur troisième journée de grève de la faim et envisagent de continuer leur combat jusqu'à obtenir gain de cause. En solidarité avec leurs “copains", une trentaine d'anciens étudiants de l'Ismas sont restés dans la cour de l'institut dans la journée d'hier, sous la pluie et le froid. Promu en 2010, l'ancien élève Idir Benaibouche nous a confié que “depuis 2007, il y a eu douze grèves à l'Ismas et ils continuent de nous ignorer. La ministre de la Culture va tuer ses enfants !". Et d'ajouter : “En soutien à nos camarades, nous allons entamer une grève de la faim." Après trois jours de l'entame de la grève de la faim, ces dix étudiants persistent dans leur combat. “Cette grève est illimitée, nous sommes prêts à tout !", nous a indiqué Massinissa, l'un des grévistes. Selon cet étudiant, tout l'institut est en arrêt, les artistes en herbe ont suivi le mouvement et soutiennent leurs amis à leur manière. “Il y a seulement dix pour l'instant, car les autres doivent garder leurs forces pour continuer la lutte et communiquer avec les médias. Mais dans les jours qui viennent, d'autres élèves se joindront à la grève de la faim", a-t-il expliqué. Cette forme de protestation représente le dernier “ultimatum" pour ces jeunes. “Nous avons envoyé du courrier à la ministre de la Culture et au président de la République, mais ils font la sourde oreille. Ils peuvent nous laisser mourir, nous ne baisserons pas les bras", a fait savoir Massinissa. Cette histoire, qui a pris de grandes proportions en mettant en jeu la santé de ces jeunes âgés entre 20-24 ans, a interpellé de nombreux artistes, notamment Yamina Chouikh, partie leur rendre visite, et Mohamed Cherchal. Ce dernier “a annoncé dans la presse que si la situation persiste, il entamera une grève de la faim à partir d'aujourd'hui". Pour rappel, les étudiants de l'Ismas sont en “rogne", car le ministère de la Culture n'a pas “respecté sa parole". En 2011, la ministre Khalida Toumi avait initié quatre ateliers sur des axes différents. Ces axes s'articulent autour du changement du DEUA en diplôme, la formation (manque de professeurs, application du programme et mise à niveau des profs), moyens techniques (manque de projecteurs, de caméras...), les échanges et la participation aux activités culturelles. “La ministre a eu en sa possession les rapports sur ces ateliers et avait promis de changer les choses. Mais depuis, rien n'a été fait", nous a déclaré Ali Mizi (voir notre édition du 17 février 2013). Réponse de Abdelaziz Benmahdjoub (directeur de l'Ismas) Le responsable de l'institut a été accusé d'avoir “fait appel à la justice pour l'initiation d'une grève illégale. Il a aussi traduit 86 élèves en conseil discipline et renvoyé définitivement 15 étudiants". Les grévistes ont notamment souligné que “M. Benmahdjoub a coupé l'électricité et l'eau, et aurait interdit l'accès au réfectoire et à l'internat". A rappeler que tout au long de cette grève, le directeur est resté silencieux jusqu'à lundi dernier, où il a envoyé une mise au point pour éclaircir les choses (lire son intégralité sur le site www.liberte-algerie.com). “Environ soixante étudiants, toutes filières confondues, dont certains totalisaient plus de 60 absences, dûment constatées par les services de la sous-direction de la pédagogie en un peu plus de 45 jours !". “J'ai réuni les deux chefs de département (arts du spectacle et audiovisuel), le sous-directeur de la pédagogie et le président du conseil pédagogique. Nous nous sommes accordés sur l'urgence d'intervenir afin d'arrêter l'hémorragie, en réactivant le conseil de discipline". A ce moment-là, selon le communiqué, les étudiants ont “décidé d'une journée de protestation durant laquelle ils ont empêché employés et enseignants d'accéder à leur poste de travail". Le directeur a été “contraint" de prévenir la justice pour “grève illégale". Quant à l'interdiction au réfectoire et aux chambres, elle est due au “refus des étudiants exclus de quitter l'enceinte de l'établissement". Concernant le LMD, il précise : “Le dossier se trouve au niveau du ministère de l'Enseignement supérieur qui refuse la demande, vu que l'institut forme des professionnels et non des académiciens." Et de conclure : “Pour le DEUA délivré à l'issue de la formation, il est reconnu par la Fonction publique, contrairement aux assertions des étudiants. Il permet d'accéder au grade d'animateur culturel (catégorie 10), comme il permet de s'inscrire en filière ‘arts et lettres' (option cinéma) à l'université." H.M Voir la mise au point du directeur de l'ISMAS : www.liberte-algerie.com/culture/mise-au-point-du-directeur-de-l-ismas-195163