Lors d'une visite de travail à Annaba, à la fin de l'année 2008, l'ambassadeur d'Italie à Alger, Gianpaolo Cantini, qui abordait l'épineux problème de l'immigration clandestine depuis les côtes algériennes vers son pays, avait révélé que des réseaux mafieux agissent tant en Algérie que de l'autre côté de la Méditerranée et qu'ils «boostaient» d'une certaine manière le phénomène. Selon M. Cantini, ces filières prennent en charge les jeunes désespérés et les utilisent, en plus de l'esclavage du marché du travail au noir, dans toute sorte d'activités douteuses dès leur arrivée en Italie. Le diplomate italien avait déclaré que rien que pour l'année 2007, quelque 1540 immigrants clandestins venus d'Algérie, principalement de l'est du pays, ont transité par les services de l'immigration italiens. Les statistiques italiennes sont encore plus éloquentes sur ce chapitre, elles révèlent qu'au cours des huit premiers mois de l'année 2008, pas moins de 960 clandestins algériens ont rejoint la Sardaigne et que ce nombre est en augmentation continue. Côté algérien, l'inquiétude est plus que jamais de mise, puisque, selon le bilan de l'exercice écoulé du commandement national des garde-côtes, tel que présenté par les responsables de cette structure au niveau de la Façade maritime est en début de semaine, ce sont 1335 harraga, dont 1327 Algériens, qui ont été interceptés, alors qu'une centaine de corps sans vie ont été repêchés en mer et 43 embarcations récupérées. Ce rapport indique que la région est du pays vient en tête du triste palmarès de la harga avec 636 candidats à l'exil volontaire, dont 442 sont originaires de la wilaya de Annaba, les autres étant issus des wilayas limitrophes. Comme on a pu le constater, le nombre de harraga ayant péri en mer est en constante augmentation, en comparaison avec celui enregistré au cours de l'année 2007, durant laquelle on a repêché 83 corps sans vie. Au cours de l'année 2006, les forces navales avaient intercepté 1016 émigrants clandestins nationaux et repêché 73 corps, alors qu'en 2005, année de naissance du phénomène, ils étaient 335 harraga à être arraisonnés et 29 à mourir en mer lors de traversées aventureuses.