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«La PME mérite incontestablement une plus grande attention en Algérie» Zaïm Bensaci, président du conseil national consultatif pour la promotion des PME :
Depuis son avènement, le conseil national consultatif pour la promotion des PME (CNC-PME) n'a cessé d'appeler à des mesures radicales de protection de la production nationale. Les récentes mesures prises par le gouvernement semblent satisfaire aujourd'hui son président Zaïm Bensaci. Le Temps : Les autorités ont pris conscience, semble-t-il, du niveau «intolérable» atteint par les importations en 2008. Quelles sont vos impressions ? Zaïm Bensaci : Il est vrai que lorsqu' on voit le niveau du volume actuel des importations, l'on ne peut que s'inquiéter, en effet, de ce fonctionnement dit «spontané» de l'économie qu'on a souvent présenté, du reste, comme une véritable panacée. Pour nous, la libéralisation du commerce extérieur ne peut se résumer à une «liberté d'importer» sans restriction aucune. Si encore cette liberté trouvait son pendant dans la capacité de nos entreprises à exporter, soyez assurés, que dans ces conditions, on ne trouvera rien à redire. Bien au contraire.
Le parc industriel national se réduit comme une peau de chagrin. On parle d'un très fort taux de désinvestissement dans certains secteurs. A combien estime-t-on le nombre de PME en faillite ? Le taux de déperdition est certes fort élevé mais reste assez stable. On estime le taux de mortalité des PME à environ 10% chaque année. Permettez-moi de souligner à ce sujet que la question de la survie des PME nationales est devenue un impératif national et qui doit être traité comme tel. Les pouvoirs publics ne peuvent se désintéresser du sort de milliers de PME au moment où les plus grandes nations libérales recourent à des mesures de protection de leur économie ou brandissent le patriotisme économique comme un levier de sauvegarde de leurs capacités productives.
Connaît-on les raisons principales de ces faillites ? Vous savez, dans un contexte économique en perpétuelle mutation marqué de surcroît par une ouverture prononcée du marché national, les entreprises algériennes, quelles que soient leurs tailles, sont condamnées à évoluer dans un environnement difficile auquel elles doivent s'adapter de façon continue. L'avènement de l'économie de marché ayant élargi considérablement le champ de la concurrence, la plupart de nos entreprises évoluent aujourd'hui dans des secteurs fragilisés non seulement par l'ouverture du marché mais aussi par le fléau de l'informel, nonobstant les contraintes récurrentes liées à notre environnement financier, bureaucratique, social et autre. Par ailleurs, avec l'afflux d'importations souvent anarchiques, nombre d'entreprises notamment du secteur des cuirs et textiles ont fini par baisser rideau. Cette situation se traduit, chaque jour, par la perte nouvelle de capacités productives et d'emplois…
Est-ce, selon vous, la faute à l'absence d'une doctrine industrielle ? Il est évident que nous avons besoin d'une doctrine pour sous-tendre nos choix industriels. Certes, on peut produire de la valeur ajoutée sans avoir recours à des processus industriels. Mais peut-on envisager sérieusement un pays sans usines ? La réussite de Dubai qui a fait un bond significatif en termes de substitution aux hydrocarbures est assurément un modèle de référence. Mais ce n'est certainement pas le seul. Il existe bel et bien aujourd'hui une confrontation entre la création de plus-value et la création de valeur ajoutée, entre l'économie réelle et la spéculation. Il faut trancher ce débat.
Une conférence nationale sur la PME va prochainement avoir lieu sous les auspices des plus hautes autorités de l'Etat. Quel est votre sentiment là-dessus ? Il est, aujourd'hui, admis que la PME en Algérie mérite incontestablement une plus grande attention tant il est vrai qu'elle peut offrir des perspectives prometteuses en termes de développement industriel. Il s'agit donc de mettre en œuvre les conditions à même d'impulser une nouvelle dynamique aux PME algériennes et de faire émerger le nouveau modèle d'entreprise à promouvoir en Algérie, une entreprise innovante, performante, compétitive sur les marchés national et extérieur, gérée selon les normes internationales et ouverte à l'international. Il faut savoir, par ailleurs, que partout dans le monde, la question de la PME nourrit des débats intéressants et complexes et, est à l'origine de stratégies d'actions multiformes, soutenues par les pouvoirs publics et les différents acteurs économiques et sociaux. On ne peut ignorer de tels débats qui peuvent nous servir éventuellement de référents pour une action bien pensée et résolue dans un domaine qui peut raisonnablement susciter beaucoup d'espoir. Entretien réalisé par Mohamed-Chérif Lachichi