Depuis jeudi dernier, le sachet de lait se fait rare, voire introuvable dans la majorité des quartiers d'Alger. La raison ? Une nouvelle grève des travailleurs de Colaital, l'une des plus importantes unités de production de cette denrée dans la capitale, dotée d'une capacité de production de 400 000 litres par jour. Face à un tel désagrément, les pouvoirs publics, où plus précisément les responsables en charge de la gestion du secteur de l'agroalimentaire, ont procédé à la mise en place d'un dispositif palliatif. Tel qu'expliqué par Fethi Messar, le DG de l'Office national interprofessionnel du lait (Onil), le dispositif en question consiste en la mobilisation de six autres laiteries, soit la moitié de celles implantées à Alger, qui sont mises à contribution pour produire les 400 000 litres de lait manquant sur le marché. Théoriquement, la rareté du lait pasteurisé en sachet ne devrait pas se faire sentir dans les différents quartiers d'Alger depuis 48 heures déjà. Or, c'est loin d'être le cas sur le terrain, au risque de contredire le DG de l'Onil qui intervenait hier sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. «Il n'y a pas de pénurie de lait en sachet dans la capitale, mais juste un problème de distribution où l'on rencontre des difficultés et un dysfonctionnement», a argué, en effet, le même intervenant. Sur la grève de Colaital, il n'hésitera pas à dédouaner l'administration de son entreprise de toute responsabilité ou d'une quelconque implication dans ce débrayage engagé depuis jeudi dernier. «C'est une grève qui n'a rien à voir avec les revendications d'ordre socioprofessionnel et qui ne concerne nullement l'administration de Colaital. Il s'agit d'un conflit de leadership entre syndicalistes qui se battent pour avoir la main mise sur le syndicat», expliquera le DG de l'Onil.
La grève déclarée illégale Fethi Messar confirme en outre que la grève des travailleurs de Colaital a été déclarée illégale par la justice à travers une ordonnance rendue publique dans l'après-midi de dimanche. Le DG de l'Onil a ainsi émis le souhait de voir le personnel de la laiterie de Birkhadem se conformer à cette décision de justice, en affirmant que dans le cas contraire, le dispositif palliatif mis en place avec le concours du ministère de l'Agriculture et du Développement rural sera toujours maintenu. Il tiendra par ailleurs à mettre en exergue toute la considération dont jouit la filière lait et la place primordiale qu'elle occupe au niveau du département de Rachid Benaïssa. Selon lui, le ministère ne ménage aucun effort pour un développement tous azimuts de cette filière, aussi bien en termes de collecte de lait cru, de l'extension des réseaux des laiteries au nombre de 154 actuellement, dont une centaine appartient à des privés, qu'en celui de contributions financières accordées aux éleveurs et aux producteurs de lait. A ce propos, le montant des aides par l'Onil est passé de 3,7 milliards DA en 2009 à 14,9 milliards DA en 2012. Ces efforts ont permis d'accroître la collecte de lait cru qui est passée de 180 millions de litres en 2009 à 750 millions à la fin de l'année écoulée, selon les chiffres du DG de l'Onil, qui estime qu'une telle quantité demeure pour autant insuffisante, comparée notamment à la quantité globale de lait disponible à la collecte et avoisinant les 3 milliards de litres. C'est aussi insuffisant pour se substituer à l'importation du lait en poudre dont la facture a relativement baissé en 2012, pour se fixer à un montant de 410 millions de dollars. En effet, pour consacrer l'autosuffisance dans ce domaine et se passer définitivement de l'importation de lait en poudre, le DG de l'Onil a estimé qu'environ 1 milliard de litres de lait cru collectés annuellement sont nécessaires pour atteindre cet objectif.