Larbi Ould Khelifa, président de l'APN, a estimé hier que le système de quota ayant permis à la femme d'être représentée à hauteur de 30% dans les assemblées élues ne devrait pas être «une fin en soi» mais «un simple moyen d'accès au progrès», appelant ainsi les femmes à consolider leur position dans tous les domaines d'activité. «Nous pouvons conclure que notre loi fondamentale a donné à la femme la clé du présent et de l'avenir afin d'asseoir sa position dans les différents domaines politique, économique et culturel, pas seulement parce qu'elle est femme mais en raison aussi de son passé glorieux et honorable durant la guerre de Libération nationale et de la compétence qui caractérise son élite dans les secteurs public et privé. «Si la femme a reçu le flambeau, le système de quota ne devrait pas être une fin en soi mais un simple moyen d'accès au progrès», a-t-il indiqué lors de son intervention prononcée hier à l'ouverture de la rencontre parlementaire sur «la promotion du rôle de la femme dans le domaine politique», tenue au siège de l'APN. Le président de l'Assemblée est revenu sur les difficultés auxquelles sont confrontées les femmes en raison essentiellement d'un problème de mentalité rétrograde, en affirmant que «certains comportements tels que le harcèlement et la violence ainsi que d'autres dérives comme le kidnapping sont des phénomènes propres à une société en proie aux difficultés du quotidien et en quête d'équilibre, une société en mutation, partagée entre sa culture et son passé historique qui honore la femme». Le développement de l'Algérie, a-t-il indiqué, est totalement dépendant de la promotion de la femme qui constitue la moitié de la société. «L'Algérie ne peut pas faire accélérer le rythme de développement ni se libérer des chaînes de la régression et de la dépendance si la moitié de sa société est paralysée et privée de participer à la promotion et au développement de son pays», a-t-il dit. Il a estimé que la progression de la mentalité de la société pour qu'elle puisse dépasser les préjugés et les opinions régressives est la mission des partis politiques, des organisations de la société civile, des médias et des établissements éducatifs et culturels qui doivent exposer les modèles des femmes d'antan, leaders de la lutte pour la libération et martyres tombées pour la protection de l'Etat et de la patrie lors de la crise des années 1990. Ould Khelifa a critiqué l'image donnée à la femme dans les pays occidentaux où elle apparaît «comme un vulgaire objet de séduction sur le marché publicitaire qui est en fait l'un des effets du féminisme qui est passé de l'extrémisme dans l'exclusion de la femme à toute autre position que beaucoup de faiseurs d'opinion dans la société occidentales n'approuvent pas». Volonté politique insuffisante Souad Bendjaballah, ministre de la Solidarité, de la femme et de la famille est revenue sur les résistances constatées lors de la présentation de l'article 31 bis de la Constitution conservant un quota de 30% à la femme dans les instances élues. «Certains ont dit que les femmes n'ont pas un niveau d'instruction élevé leur permettant d'accéder aux instances élues ; je dis : comment se fait-il que la femme ait occupé les postes de magistrat et de médecin, d'autres ont avancé que les femmes n'ont pas la connaissance et la maîtrise de l'exercice politique, je réponds que tout s'apprend et qu'il faut leur donner la chance de s'initier, certains ont argumenté leur refus par la lourdeur des traditions sociales, je leur dis que le taux de jeunes filles ayant accès à l'université dépasse les 60% dans les régions du sud du pays, ce qui veut dire que les gens ont dépassé les blocages et les tabous sociaux dans ce domaine», a-t-elle indiqué. La ministre est revenue sur les efforts déployés par l'Etat dans le processus de généralisation de la scolarisation des femmes dans toutes les régions du pays, précisant que l'objectif tracé actuellement est de permettre à la femme de pénétrer le domaine de l'entrepreneuriat afin de contribuer à la promotion d'une économie hors hydrocarbures forte. A ce propos, elle a affirmé que 10 000 projets de femmes ont été financés par l'Ansej en 2012 et que 60% des microcrédits accordés dans le cadre de la Cnac sont destinés à la femme. Pour Souad Djaballah, «la volonté politique est importante et nécessaire, mais elle reste insuffisante pour préserver les acquis de la femme».