La Bourse de New York a atteint mardi un niveau record, laissant derrière elle les affres de la crise financière de 2008 grâce à la confiance retrouvée des investisseurs en un regain de vigueur de l'économie américaine. L'indice star de la place new-yorkaise, le Dow Jones Industrial Average, a clôturé à 14.253,77 points, au-dessus du plus haut niveau jamais atteint auparavant, qui s'était établi à 14.164,53 points le 9 octobre 2007. C'était avant que la bulle financière n'éclate, que la banque Lehman Brothers ne fasse faillite et n'entraîne dans sa chute le système financier mondial. L'indice élargi Standard and Poor's 500, le plus suivi par les marchés, a aussi atteint un nouveau sommet en cinq ans, terminant à 1.539,79 points, un niveau plus atteint depuis le 31 octobre 2007. Il n'est plus qu'à 26 points de son propre record, atteint lui aussi le 9 octobre 2007. Depuis le creux du marché en mars 2009, "c'est quand même une incroyable remontée", s'est exclamé Mace Blicksilver, responsable des investissements pour le fonds Marblehead Asset Management. Wall Street est particulièrement en forme depuis le début de l'année, portée par la performance solide des entreprises américaines, l'amélioration des marchés de l'immobilier et de l'emploi, et les liquidités injectées massivement dans l'économie par la banque centrale des Etats-Unis. Les investisseurs font fi des mauvaises nouvelles qui pourraient entamer la croissance, en premier lieu les coupes budgétaires drastiques dans le budget des Etats-Unis imposées depuis vendredi du fait des imbroglios politiques à Washington. Le marché brave aussi la situation précaire de l'économie de la zone euro, accentuée par l'incertitude née de l'impasse politique en Italie, de même que ses hésitations sur la croissance chinoise. "Pas qu'un événement médiatique" Que la Bourse parvienne à ce niveau est "la preuve que l'économie américaine se porte bien, mais c'est aussi la preuve que l'action est en train de redevenir un investissement de choix alors que cette classe d'actifs avait été pratiquement abandonnée pendant longtemps", a souligné Gregori Volokhine, de la société de gestion privée Meeschaert New York. Et dépasser le record "n'est pas qu'un événement médiatique", a assuré ce gérant de portefeuilles. "C'est bon pour le moral des ménages" dans un pays comptant nombre d'investisseurs individuels, et cela a donc "un effet positif pour l'économie et la consommation". Signe très positif aux yeux des acteurs du marché, cette performance s'appuie sur des bases solides. "L'économie est aujourd'hui bien mieux positionnée" qu'en 2007, alors qu'elle "était prête à s'écrouler", a remarqué Art Hogan, de la maison de courtage Lazard Capital Markets. D'ailleurs les investisseurs ne sont pas "aussi ouvertement optimistes" qu'ils ne l'étaient à l'époque, a-t-il souligné. Les effets que les coupes budgétaires intervenues vendredi ou la hausse des cotisations sociales en vigueur depuis début janvier pourraient avoir sur la croissance américaine leur restent en tête. Que le marché reprenne son souffle et recule dans les prochaines semaines ne les étonnerait pas. Nombre d'acteurs du marché s'accordent d'ailleurs à dire que ce record est atteint sans euphorie, les courtiers de Wall Street gardant surtout un œil sur le S&P 500. Avec ses 500 entreprises, l'indice "représente une vue très générale du marché" et sert de jauge à la plupart des investisseurs institutionnels, a relevé M. Volokhine. Même si le Dow Jones compte parmi ses membres les géants de différents secteurs, comme Intel, IBM, Pfizer ou Wal-Mart, il reste, avec ses 30 membres, "très concentré", a ajouté l'expert. Aussi, a-t-il affirmé, "on garde le champagne au frais" pour le record du S&P.