Confiance et dépenses des consommateurs, Produit intérieur brut (PIB) au troisième trimestre, reventes de logements et ventes de logements neufs en octobre: la Bourse de New York va mesurer la semaine prochaine les dégâts de la crise immobilière sur l'économie américaine. Sur la semaine écoulée, Wall Street a encore tangué au rythme de la crise des crédits hypothécaires à risque ("subprime") par le biais de nouvelles et de possibles dépréciations d'actifs des banques américaines. Si elle a connu deux séances de baisse et deux de hausse, la journée de jeudi ayant été fermée en raison de la fête de Thanksgiving, la première place financière du monde a vu son indice vedette --le Dow Jones-- tomber sous le seuil psychologique des 13.000 points à 12.980,88 points (-1,49%). Il est désormais à plus de 1.000 points de son record absolu (14.198,10 points), établi le 11 octobre. Composé pour l'essentiel de valeurs technologiques, le Nasdaq a également battu en retraite pour finir la semaine à 2.596,60 points (-1,54%). Plus large --donc plus représentatif--, l'indice Standard and Poor's 500 a quant à lui abandonné 1,24% pour terminer vendredi à 1.440,70 points. Preuve que l'incertitude fait désormais partie du quotidien des investisseurs, le marché obligataire a encore fini la semaine en hausse. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans, qui évolue dans le sens contraire des prix des obligations, a baissé vendredi à 4,012% contre 4,150% une semaine plus tôt, de même que celui à 30 ans à 4,438% contre 4,523% sept jours plus tôt. Désarroi du secteur immobilier pris dans le tourbillon de la crise du "subprime", affaissement du dollar, posté à plus de 1,49 dollar pour un euro, et pétrole cher (le baril a frôlé le seuil des 100 dollars), Wall Street semble toujours enlisée dans la crise financière démarrée cet été. Les chiffres des reventes de logements existants et ceux des ventes de logements neufs en octobre, attendus respectivement mercredi et jeudi, risquent de donner de nouvelles sueurs froides aux investisseurs, selon les analystes. "Nous ne sommes pas à l'abri de nouvelles dépréciations de 5 à 10 milliards d'actifs des banques à cause de leur exposition au +subprime+", avertit Mace Blicksilver, analyste chez Marblehead Asset Management. "Les craintes restent les mêmes: subprime", pétrole cher et dollar faible vont-ils détériorer la croissance ?", avance Peter Cardillo (Avalon Partners). C'est dans cette optique que les intervenants vont surveiller mardi l'indice mesurant la confiance des consommateurs et vendredi le revenu et les dépenses des ménages américains, au moment où débute la saison des achats de fin d'année, déterminante pour la consommation, premier moteur de la croissance. La Réserve fédérale américaine (Fed) a révisé à la baisse sa prévision de croissance pour 2008, la ramenant à moins de 2%. Rappelant leur position pour un statu quo des taux d'intérêt américains, Michelle Meyer et Ethan Harris (Lehman Brothers) estiment néanmoins que dans ce contexte la Fed, lors de sa prochaine réunion de politique monétaire du 11 décembre, "devrait baisser ses taux" pour éviter un "écroulement" du marché. "La majorité des investisseurs ont déjà anticipé un allègement monétaire de l'ordre d'un quart de point de pourcentage, une pause monétaire aurait des effets très négatifs", soulignent-ils. La publication du Livre Beige de la Fed mercredi fera donc l'objet d'une analyse minutieuse de la part du marché pour essayer d'y déceler toute indication allant dans le sens d'un assouplissement, conclut M. Cardillo. Autre thermomètre de l'état de santé de l'économie américaine, la deuxième évaluation du PIB américain au troisième trimestre, publiée jeudi, sera également l'un des rendez-vous de la semaine. Le consensus des analystes table sur une croissance de 4,8%, après une première estimation fin octobre à 3,9%. "Il faudra que les chiffres soient vraiment bons pour faire remonter les marchés", préviennent Brian Bethune et Nigel Gault (Global Insight), qui misent, eux, sur 5,0%.