De nombreux voisins latino-américains, mais aussi des amis encombrants comme l'Iran et la Syrie, ont rendu hommage au président Hugo Chavez, figure de la gauche radicale dans le monde, tandis que le président américain Barack Obama espérait l'ouverture de relations apaisées avec un Venezuela moins turbulent à l'avenir. Cuba a décrété un deuil national de trois jours en hommage à son principal allié politique et économique qui avait été soigné de son cancer dans l'île communiste jusqu'à peu avant sa mort mardi à 58 ans. "Chavez est aussi cubain ! (...) Il a accompagné Fidel (Castro) comme un véritable fils et son amitié avec Raul (Castro) est profonde", a déclaré le gouvernement. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a estimé qu'il s'était efforcé de "répondre aux aspirations et aux défis des plus vulnérables" au Venezuela et le conseil de sécurité a observé mercredi une minute de silence à sa mémoire. Pragmatique, le président Obama, dont le pays fut la cible d'attaques verbales répétées du président Chavez, a souhaité l'établissement de "relations constructives" avec un futur gouvernement plus démocratique. "Au moment où le Venezuela entame un nouveau chapitre de son histoire, les Etats-Unis continuent à appuyer des politiques qui soutiennent les principes démocratiques, l'Etat de droit et le respect des droits de l'homme", a-t-il dit. Mais au Congrès, des Républicains se sont ouvertement félicités de cette disparition. "Hugo Chavez était un tyran qui forçait les Vénézuéliens à vivre dans la peur. Sa mort entame l'alliance des dirigeants gauchistes antiaméricains en Amérique du Sud", a déclaré Ed Royce, président de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants. En Amérique latine, le chagrin était palpable chez de nombreux dirigeants. Le président bolivien Evo Morales, au bord des larmes, s'est ainsi dit "anéanti par le décès du frère Hugo Chavez". "Quand les passions s'apaiseront (...), il ne fait aucun doute que le monde entier reconnaîtra la grandeur d'un homme extraordinaire, courageux, plein d'amour et d'héroïsme", a renchéri son homologue équatorien Rafael Correa, la voix brisée. Le gouvernement brésilien "n'a pas toujours été intégralement d'accord avec le président Chavez, mais sa disparition représente une perte irréparable", a affirmé la présidente brésilienne de gauche Dilma Rousseff, tandis que son prédécesseur Luiz Inacio Lula da Silva a rendu hommage à "son engagement pour la cause des plus défavorisés". En Colombie, le président Juan Manuel Santos a rappelé qu'Hugo Chavez avait contribué au processus de paix avec la guérilla marxiste des Farc et, au Chili, le président Sebastian Pinera a souligné son rôle dans la création de la communauté régionale de la Celac en 2011 à Caracas. En Iran, le président Mahmoud Ahmadinejad a affirmé qu'Hugo Chavez "était un martyr pour avoir servi son peuple et protégé les valeurs humaines et révolutionnaires". Il a évoqué sa possible participation aux obsèques prévues vendredi tandis que l'Iran, lié au Venezuela par l'antiaméricanisme, décrétait un jour de deuil national, mercredi. La Syrie a rendu hommage à Chavez. "Chavez a toujours soutenu les droits légitimes arabes, y compris face au complot contre la Syrie", selon l'agence officielle de presse Sana. Toujours au Proche-Orient, "la Palestine dit adieu à un ami loyal qui a passionnément défendu notre droit à la liberté et à l'autodétermination", a déclaré le Fatah. Le Hamas a lui aussi rendu hommage au "grand leader" qui "a défendu les principes de refus de soumission à l'hégémonie américano-israélienne". A Moscou, le président Vladimir Poutine a jugé que la Russie avait perdu "un ami proche" avec la mort d'"un homme hors du commun et fort" et Pékin a regretté la disparition d'un "grand ami" de la Chine. En Europe, le président français François Hollande a noté qu'il avait "profondément marqué l'histoire de son pays" et "exprimait au-delà de son tempérament et de ses orientations, que tous ne partageaient pas, une volonté indéniable de lutter pour la justice et le développement". Londres a aussi relevé qu'Hugo Chavez avait" marqué les esprits dans son pays et bien au-delà" en quatorze ans de présidence tandis que Berlin a espéré un "nouveau départ" du Venezuela sur une base démocratique. Le gouvernement de droite espagnol a souhaité continuer à "travailler intensément" avec le Venezuela, évoquant "la grande influence" d'Hugo Chavez en Amérique latine. Le chef de la diplomatie suédoise, Carl Bildt, a parlé d'un "leader charismatique et fort", mais qui avait été "un facteur d'instabilité" dans la région. La présidence et la commission de l'Union européenne ont salué le "développement social" du Venezuela. Même Hollywood a réagi, le réalisateur Oliver Stone et l'acteur Sean Penn regrettant la disparition du président qui incarnait une forme de résistance à la puissance des Etats-Unis.